Dans l'agenda culturel quatuors d'hier et d'aujourd'hui

2014-12-03

Quelle plus belle et plus parfaite forme de musique de chambre que le quatuor à cordes ? Quatre musiciens (violon 1, violon 2, alto et violoncelle) dialoguent à égalité, chacune des parties prenant la parole à tour de rôle et faisant entendre toutes les harmonies, sans doublure superflue, afin d’obtenir l’équilibre des quatre voix dans une homogénéité de timbre. L’idéal de l’interprétation d’un quatuor à corde se base essentiellement sur une écoute mutuelle, une fluidité que chacun entretient sans jamais chercher à se distinguer, aboutissant ainsi à la quintessence de la cohésion d’ensemble.
Le terme tout à fait exact pour désigner les pièces musicales jouées par ce type de formation est « sonate en quatuor » et ce genre a connu son apogée à l’époque classique (fin du 18e siècle) avec Joseph Haydn (il en a composé 83 ) et Wolfgang Amadeus Mozart qui a d’ailleurs dédié ses six quatuors à cordes à « Papa Haydn » !
Mais c’est Ludwig van Beethoven (1770-1827) qui transcende littéralement le genre, faisant exploser le monde classique, poussant les développements, les nuances, les graves, les aigus et les répétitions jusqu’à l’exaspération.
Le quatuor à cordes est encore fort prisé à l’époque romantique tout en restant assez proche du modèle Beethovenien sauf en ce qui concerne Franz Schubert (1797-1828) qui trouve, notamment dans les trois derniers quatuors, l’expression personnelle d’un génie achevé.
Au 20e siècle, le quatuor à cordes devient synonyme d’expérimentation et de recherche d’un idéal en matière de composition musicale. On citera, de façon non exhaustive, ceux de Claude Debussy (1862-1918), Maurice Ravel (1875-1937), Arnold Schönberg (1874-1951) et Alban Berg (1885-1935).
Mais pourquoi est ce que je vous raconte tout cela ?
Eh bien, parce que les compositeurs libanais (nous y voila…) ont eux aussi écrits des quatuors à cordes. Parce que ces pièces n’ont jamais été créées en public, ni au Liban ni ailleurs et qu’aujourd’hui enfin, grâce aux efforts conjugués du Centre du patrimoine musical libanais (CPML-Espace Robert Matta) et de Notre-Dame University (NDU), les mélomanes libanais vont pouvoir découvrir cette forme musicale déclinée sous trois visages : celle de l’aîné, Toufic Succar (né en 1922) dont la musique plutôt de style oriental est « renouvelée par la polyphonie », puis Jihad Zeidan (né en 1966) qui définit lui-même sa musique comme « ni classique, ni moderne, ni orientale », et enfin Iyad Kanaan (né en 1971) dont la musique est de style néo-romantique et qui « compose pour son peuple et son pays ».
Comme un hommage au maître absolu du genre, le concert débutera par Quartettsatz (Mouvement de quatuor) de Franz Schubert. Cette pièce (n° 12 en ut mineur) inaugure la série des « grands quatuors à cordes » du musicien, formée par les 13e, 14e et 15e quatuors. Le compositeur n’avait pas écrit pour cette formation depuis près de quatre ans. Il s’agit d’une œuvre inachevée : le premier mouvement Allegro assai est complet mais seules une quarantaine de mesures de l’andante existent. Schubert n’acheva d’ailleurs aucune de ses partitions cette année-là, qui appartient à une période tourmentée où l’artiste se cherchait.
Ce concert sera certainement un moment rare et précieux qu’il serait dommage de manquer.
Zeina Saleh Kayali

Jeudi 4 décembre à 18h (durée 1h)
Eglise Saint Elie (Kantari)
Entrée libre

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