Dans l'agenda culturel une interview de Katia Makdissi-Warren

2014-12-22

Katia Makdissi Warren est une compositrice de père canadien et de mère libanaise. Mais son identité libanaise est si importante pour elle, qu’elle a tenu à porter le nom de sa mère, Makdissi. Avec son ensemble Oktoécho, Katia porte les musiques de notre pays à travers le nouveau monde. Entretien.


Parlez-nous de votre parcours musical et de la fondation de votre ensemble Oktoécho.
Ma spécialité est le métissage des musiques du Moyen-Orient et de l’Occident. J’ai fait mes premières études en composition à Québec dans ma ville natale. Dès mes débuts en compositions, j’avais le désir de métisser les musiques occidentale et moyen-orientale, mais à l’époque dans la de Québec, il n’y avait pratiquement pas d’immigrants moyen-orientaux et encore moins des musiciens arabes. C’est pour cela, que j’ai d’abord étudié et composé de la musique contemporaine occidentale. J’aime beaucoup la musique contemporaine mais, pour mon expression personnelle, je recherchais quelque chose d’autres.
Après mes études à Québec, j’ai étudié la composition à Hambourg mais cela restait encore dans le domaine de la musique contemporaine. Je suis donc allée étudier auprès de Père Louis Hage les musiques syriaques et arabes. Suite à deux années d’études avec P. Hage, j’ai composé des morceaux métissant les différentes musiques mais aucun groupe de musique n’existait au Québec pour interpréter ces musiques. C’est pourquoi j’ai fondé Oktoécho, un groupe rassemblant des musiciens canadiens originaire du Québec et du Moyen-Orient. (www.oktoecho.com)
Depuis déjà 10 ans, nous présentons des concerts avec Oktoécho. Nous avons présenté des concerts dans tout le Canada et une série de concerts en Espagne.

Quelle est la place du Liban dans votre démarche artistique ?
La place du Liban est primordiale dans ma démarche artistique. Elle évoque la poésie et les chants de mon enfance. J’ai été élevée à Québec avec la famille de ma mère libanaise. Il y avait mes parents (québécois et libanais), mes frères et sœurs mais également ma grand-mère et mes grands-tantes libanaises, mes oncles et tantes libanais et québécois et mes cousins.
Je garde toujours le Liban proche de mon cœur, sa richesse culturelle m’inspire toujours.

Quels sont vos projets?
Je compose régulièrement des bandes sonores. La dernière bande sonore que j’ai réalisée cette année a été pour le Musée national des droits humains à Winnipeg. Autrement, je compose souvent pour des documentaires, des spectacles de danse, du théâtre etc…). Il y a plus longtemps en 2008, j’ai composé les musiques des salles d’exposition de la tour Burj Khalifa de Dubaï.
Sur la scène, je présente des concerts avec mon ensemble Oktoécho pour différents diffuseurs mais je collabore annuellement avec le Festival du monde arabe depuis sa toute première édition il y a15 ans.
Je collabore aussi de manière régulière avec le Festival Séfarad et le Festival Présence Autochtone. Dernièrement, nous avons également participé à l’événement présenté par le Canadian Arab Institute de Toronto et le Royal Conservatory. Un très bel événement qui j’espère pourra se répéter dans les années à venir.
J’ai beaucoup de projets diversifiés mais on pourrait résumer mes projets au mot ’’rencontre’’. J’adore la rencontre. Avec le Festival du Monde arabe, nous avons présenté des concerts qui mettaient en scène la rencontre entre grands artistes arabes (Naseer Shamma, Charbel Rouhana, Léna Chamamyian, Farida et autres) et Oktoécho.



Avec le Festival Séfarade, nous avons présenté entre autres ‘les Quatre saisons de Vivaldi’ à la manière orientale et ‘Chants espagnols à la rencontre de l’Orient’.



Avec le Festival Présence Autochtone, j’ai travaillé avec différents artistes autochtones. Entre autres avec Moe Clark (chanteuse amérindienne pour présenter des légendes amérindiennes sous forme de théâtre musical dans lequel le oud a aussi sa place.
J’ai travaillé aussi avec Nina Segalowitz et Lydia Etok (chanteuses de gorge inuites) pour présenter des musiques inspirées des cultures inuites et des rythmes émiratites (khaliji). Le chant est accompagné par un groupe de 6 instrumentistes instruments de musique électronique. Nous enregistrerons cet album en mars prochain.



Oktoécho est aussi en résidence depuis 5 ans à la Maison de la Culture Ahuntsic. L’agente de la place Liette Gauthier laisse une grande place à la création et aux musiques du monde. Dans cet encadrement unique, nous présentons également des spectacles de rencontre. Nous avons présenté par example le spectacle ‘Tous cousins’ où 3 hommes religieux représentant des 3 religions monothéistes partageaient la scène avec Oktoécho. Nous avons également présenté un concert où différentes églises chrétiennes se rencontraient (les églises arménienne, russe, maronite, melkite, copte, catholique romaine et syriaque étaient présentes). En collaboration avec la Maison de la culture, nous offrons aussi des ateliers de musique arabe dans les écoles de l’arrondissement.
À venir pour l’été prochain un grand spectacle de 4 heures qui réunira les Festival du Monde arabe et Présence Autochtone. Je ne peux pas aller dans les détails pour le moment mais ce que je peux dire c’est que je cocomposerai avec la chanteuse amérindienne Moe Clark. Le spectacle mettra en scène plusieurs musiciens autochtones, québécois et marocains.

Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali

Partager