Dans l'Agenda culturel "Naji Hakim par l'Orchestre philharmonique du Liban"

2018-01-17

Le Centre du patrimoine musical libanais (CPML) et le Conservatoire national supérieur de musique rendent hommage au compositeur Naji Hakim en organisant un concert consacré à ses œuvres orchestrales le vendredi 26 janvier 2018 à l'Eglise Saint Joseph. L'Orchestre philharmonique du Liban (LPO) est placé sous la direction du compositeur (fait assez rare), et Mario Rahi est au violon, pour un moment unique de musique symphonique et concertante.


Nous aurons la joie de vous voir diriger le LPO. En quoi se distingue la direction de vos œuvres par vous-même ?
Pascale Jeandroz, amie chef d'orchestre à qui j'apprenais un jour que j'allais assister à la création d'une de mes œuvres me dit : " Mais c'est toi qui devrais diriger, qui d'autre pourrait faire sonner tes œuvres exactement comme tu voudrais ?". Indépendamment de la question de la battue de mesure, peut-être impressionnante pour le public, mais souvent évidente et même parfois gênante pour le musicien d'orchestre, les questions de tempos, de reliefs et d'équilibre des masses sonores sont des paramètres capitaux pour une interprétation intelligible de l'œuvre. Mon travail s'opèrera essentiellement durant les répétitions, en faisant dégager les hiérarchies dans les strates de l'orchestration. Au fur et à mesure que l'effectif orchestral est important, les indications de nuance d'un instrument donné - piano ou forte -, ne suffisent pas toujours pour comprendre leur rapport avec le piano ou forte d'un autre instrument à l'autre bout de l'orchestre. Il s'agit de faire prendre conscience de ces rapports impondérables et qui ne peuvent figurer sur les partitions. La notation musicale n'est pas la musique. Elle n'est qu'un moyen nécessaire... mais pas suffisant.

Qu'allez-vous interpréter ?
Des œuvres inspirées par la Terre assoiffée de la ‘Beauté des beautés’ et en particulier de ma Patrie sacrée. Autant mon ‘Ouverture libanaise’ que mon ‘Concerto pour violon’, ces œuvres sont bâties sur des thèmes libanais. Manifestement dans l' ‘Ouverture libanaise’, et plus en filigrane dans le ‘Concerto pour violon’. ‘Sindbad’ s'inspire du folklore de Oman et les ‘Trois danses basques’ du pays natal de ma femme et mes enfants.
(n.d.l.r. Au programme : Ouverture libanaise, ‘Sindbad’ pour orchestre (création mondiale), ‘Concerto pour violon et orchestre à cordes’, ‘Trois Danses Basques’)

Le CPML co-organise cet événement. Pensez-vous que cette institution ait son utilité au Liban ?
Depuis sa création, le Centre du patrimoine musical libanais s'est activé sans relâche à transmettre, préserver, favoriser, faire connaître un vaste répertoire de musique libanaise, publier des ouvrages et organiser des événements marquants pour la plus grande joie des musiciens et mélomanes libanais.
A titre personnel, je me sens privilégié d'être inscrit dans cette véritable "renaissance" musicale libanaise signée par le CPML et profite de cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude au Révérend Père Recteur de Notre-Dame de Jamhour et en particulier à Madame Zeina Kayali, non seulement pour ses nombreuses publications autour de la musique libanaise, mais également pour la monographie qui m'est consacrée dans la collection ‘Figures musicales du Liban’ et pour avoir suscité la programmation de mes œuvres dans les concerts de l'Orchestre philharmonique du Liban, et m'avoir fait inviter par le Festival de Baalbeck pour la création de mon poème dansé pour orchestre, ‘Baalbeck’.
Enfin, c'est grâce à l'heureuse collaboration entre le Dr Walid Moussallem, directeur du Conservatoire national supérieur de musique et à Mesdames Joumana Hobeika, présidente, et Zeina Kayali, vice-présidente du Centre du patrimoine musical libanais qu'a pu être organisé le concert du 26 janvier prochain.

Que faut-il vous souhaiter ?
Qu'à la rencontre de ma musique, que les visages des musiciens et du public en deviennent de lumière comme ceux qui en dansant vont à des noces !

Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali

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