Dans l'Agenda culturel "A Paris, Patrick Fayad rend hommage à Walid Akl"

2017-11-14

Moment musical très émouvant à l'espace Steinway à Paris, ravissante petite salle confidentielle nichée en plein boulevard Saint Germain, quand le pianiste Patrick Fayad a donné un concert hommage pour les 20 ans de la disparition de son prestigieux ainé Walid Akl. La soirée était riche et variée car, après une intéressante présentation sur les pianos Steinway et leur fabrication dans les ateliers de Hambourg, suit un film documentaire, par moment bouleversant, sur la vie de Walid Akl et enfin une écoute d’une archive très émouvante où l’on entend des pièces composées par Walid Akl et jouées par lui-même pour une pièce de théâtre de Gabriel Boustani au Théâtre de Beyrouth dans les années 1965-1966.

Puis entre Patrick Fayad et commence le récital à proprement parler. Le programme est composé de ‘la Sonate D784’ de Schubert, de ‘l’Etude-Tableau op. 33 n° 9’ et d’un Moment musical de Rachmaninov, et se clôt par la Fantasia quasi Sonata, dite ‘Après une lecture du Dante’ de Liszt, œuvres choisies spécifiquement car elles faisaient partie du répertoire de prédilection de Walid Akl et qu’il les avait jouées un peu partout dans le monde.

Dès les premières mesures, l’auditoire est saisi par la puissance de l’interprétation, alliée à la sensibilité de la perception de cette musique hautement romantique. Patrick Fayad fait montre d’une grande imagination qu’il nourrit du risque de ce moment unique. Pas de ‘’trucs’’, de système ou d’effet inutile et le public découvre dans chacune de ces pièces, finalement archi connues, des paysages nouveaux que le pianiste dévoile avec une sonorité riche et une grande plénitude, même dans les moments ‘’lisztiens’’ les plus redoutables. Sens profond du chant dans Rachmaninov, pudeur retenue dans Schubert, et, en tout état de cause, urgence dramatique qui dit mieux que tout, sa compréhension profonde et intime de cette musique.

Après les déchaînements du romantisme échevelé, voici qu’en bis Patrick Fayad propose un instant de sérénité et de spiritualité avec l’Intermezzo en la mineur de Bach-Busoni. Moment de grâce où l’auditoire se sent flotter dans une autre dimension et où l’interprète sait d’effacer devant la grandeur et l’intensité de cette musique universelle.

Zeina Saleh Kayali

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