Dans l'Agenda culturel "Rania Awada, pianiste et compositrice franco-libanaise à Paris"

2017-11-13

Alors qu’elle célèbre la sortie en DVD de ‘Prélude’, court-métrage consacré à son œuvre, Rania Awada répond aux questions de l’Agenda Culturel.


Comment êtes-vous ’’tombée’’ dans la musique ?
Je suis née à Beyrouth et ma passion pour la musique a débuté dès ma plus tendre enfance. Je voulais être danseuse à l’âge de 3 ans. J’étais attirée par la musique et m’exprimais corporellement. J’ai donc débuté le piano à l’âge de 5 ans avec Zvart Sarkissian (qui fut élève de Marguerite Long et Jacques Février du conservatoire de Paris). J’apprenais bien mes leçons mais je pianotais aussi à l’oreille des airs qui me plaisaient.

Vous avez commencé à vous produire très jeune ?
Oui à l’âge de 6 ans. Mon professeur avait organisé une audition pour tous ses élèves dont notamment Abed el-Rahman Bacha. Ce souvenir reste gravé dans ma mémoire.

Vous avez eu d’autres professeurs ?
Oui, j’ai rencontré Hoda Adib qui m’a conseillé d’intégrer le Conservatoire national supérieur de Beyrouth. C’était bien sûr un rythme plus soutenu, auditions, musique de chambre, masterclass, examens, etc. J’ai donc arrêté la danse car il fallait choisir !

Qui avez-vous rencontré au conservatoire ?
Tous les grands noms de la musique libanaise ! Boghos Gélalian, Nenna Succar, Madeleine Medawar, Wadad Mouzannar et j’en passe !

Puis arrive la guerre du Liban ?
Oui hélas et le conservatoire est contraint de fermer ses portes. Quelle déception… J’ai continué à prendre des cours privés avec Hoda Adib et ma famille a fini par quitter le Liban pour Paris.

Vous avez continué à pratiquer la musique ?
Oui, j’ai toujours eu un piano à la maison, je donnais des concerts entre étudiants et je commençais déjà à composer. Mais la vie professionnelle et familiale prenait progressivement le dessus.

A quel moment la musique est-elle revenue en force dans votre vie ?
Il y a 8 ans, au moment du décès de mon père. Je l’ai perdu suite à une maladie et c’est là où la musique m’a sauvée en m’aidant à extérioriser tous mes sentiments et à faire le deuil. J’ai donc commencé à composer, à écrire ce que je ressentais. C’est alors qu’une personne de mon champ professionnel, Isabelle Jouve Gaudin m’a fait lire un de ses récits. Elle avait perdu son père à la même période que moi. Son texte m’a inspirée et je lui ai proposé de le mettre en musique. Nous avons donc sorti Le livre-CD ‘Bolido et la boule magique’ en 2011.

Vous avez alors continué à composer ?
J’ai continué en parallèle à composer et je gardais tout dans les tiroirs. La musique reprenait doucement une très grande place dans ma vie malgré mon activité professionnelle libérale et ma vie de famille. Une amie chanteuse libanaise Yolla Khalifé (épouse de Marcel) me demande alors de composer une chanson pour son nouvel album. C’est ainsi, qu’en 2013, sort ‘Fi Jinahi-In my wings-L’Aile brisée’ que Yolla a interprétée dans un concert à l’Institut du monde arabe en 2014.

Vous avez également été interprétée par la soprano Rima Tawil ?
Oui c’est une grande artiste lyrique. Nous nous sommes retrouvées sur les réseaux sociaux, nous avions eu le même professeur de piano, Hoda Adib. Elle a voulu écouter mes compositions et a choisi ‘Renaissance’ avec orchestre et chœur qu’elle a chantée lors de son concert de février dernier à la salle Gaveau à Paris.

Comment procédez-vous dans votre travail de composition ?
Je travaille avec un arrangeur, Jorane Cambier. J’écris d’abord les notes sur papier puis je fais écouter à Jorane au piano et nous réfléchissons ensemble au choix des instruments. J’ai déjà en tête qui joue quoi. Puis Jorane propose des arrangements, j’écoute en boucle et le plus souvent nous sommes du même avis.

Et quand il s’agit de grand orchestre ?
Là, il faut un chef d’orchestre. J’ai contacté Steve Journey qui a revu les arrangements en les adaptant pour orchestre et pour chœur.

Les pièces vocales sont composées sur des textes littéraires ?
Oui, Arthur Rimbaud, Alfred de Musset, Charles Baudelaire... J’ai aussi choisi de faire chanter un ténor pour les deux premiers textes et 3 ténors à l’unisson pour le poème de Charles Baudelaire ‘L'Homme et la mer’. Au final, le film compte 4 titres chantés et le reste est instrumental.

Pourquoi avez-choisi le mythique studio A. Davout pour l’enregistrement ?
Pour plusieurs raisons. La qualité de l’enregistrement, les excellents équipements, le grand espace qui permet de recevoir un orchestre et surtout le fait qu’il soit chargé d’histoire. Les plus grands artistes y ont enregistré : Barbara, Serge Gainsbourg, Ray Charles et j’en passe.

Le court métrage, ‘Prélude’, est donc une séance de travail filmée ?
En quelque sorte, oui. J’ai également voulu que l’on filme les musiciens et chanteurs pendant les séances de studio ainsi que l’équipe en régie. Emilien Awada, réalisateur, était aux manettes avec son équipe de Videology. Ce film a été également présenté au Midem à Cannes puisque j’y étais présente comme compositrice, puis il a été projeté lors d’une soirée privée au cinéma Grand Action à Paris.

Quels sont vos projets ?
Beaucoup sont en cours mais seront dévoilés au moment de leur réalisation !

Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali

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