Dans l'Agenda culturel "L’Orchestre philharmonique du Liban et le CPML célèbrent les 60 ans de Bechara el-Khoury"

2017-04-05

Il est d’usage dans le monde musical de célébrer avec faste les anniversaires des compositeurs, par des concerts, des émissions de radio ou de télévision, des publications de disques, d’ouvrages, bref de donner un coup de projecteur à une personnalité musicale prestigieuse en prenant prétexte du temps qui passe pour se pencher sur sa vie et sur son œuvre.

Le vendredi 7 avril en l’Eglise Saint Joseph, grâce aux efforts conjugués du Conservatoire national et du Centre du patrimoine musical libanais (CPML-espace Robert Matta), l’Orchestre philharmonique du Liban présentera un événement tout à fait exceptionnel en consacrant la totalité de son concert à un compositeur non moins exceptionnel, Bechara el-Khoury, joué dans le monde entier et qui se définit lui-même comme ’’impressionniste postromantique’’. Cerise sur le gâteau (d’anniversaire !) un autre compositeur qui fait la fierté du Liban à travers le monde, Gabriel Yared, s’associe à la fête en offrant, à son collègue et ami, l’une des plus belles pièces de son catalogue, la ‘Suite du Patient anglais’ dont il sera lui-même l’interprète au piano.

Le concert, qui se déroulera en présence du ministre de la Culture, représentant le président de la République, se présentera sous la forme de deux concertos, et deux pièces symphoniques. Tout d’abord, ‘Clair obscur’, œuvre commandée par le Festival international de Baalbeck et créée en 2015 par ce même Orchestre philharmonique du Liban sous la direction de maestro Harout Fazlian. Bechara el-Khoury qui n’avait pu se rendre à Baalbeck cette année-là n’a donc jamais entendu sa pièce ! Il la découvrira avec le public.

En revanche, la deuxième œuvre au programme, le Concerto pour clarinette, ‘Autumn Pictures’, avait été créé au théâtre du Châtelet à Paris en 2010, en présence du compositeur, par son dédicataire, le merveilleux clarinettiste solo de l’orchestre national de France, Patrick Messina, dont l’éblouissante virtuosité sert si bien ces images automnales parfois acrobatiques !

Les titres des pièces de Bechara el-Khoury sont toujours éminemment poétiques. Il nous fait escalader les ‘collines de l’étrange’ ou boire le ‘vin des nuages’ ou encore nous perdre sur les ‘chemins de la nuit’. Ce concerto pour violon n° 1 confirme la règle et s’intitule : ‘aux frontières de nulle part’. Tout un programme ! L’excellente soliste, Fanny Robilliard, fait un voyage initiatique dans la musique de Bechara el-Khoury, au Liban, sur les traces de son prestigieux grand-père, Bertrand Robilliard, qui a été l’organiste titulaire de cette même église de 1930 à 1964 et qui a formé toute une génération de compositeurs libanais.

En clôture de concert, ‘les fleuves engloutis’, pièce symphonique – tiens ! encore un titre poétique -, et ces fleuves-là ont déjà beaucoup voyagé. Ils ont été donnés, à Paris au théâtre des Champs Elysées, à Londres au Barbican Hall ainsi qu’à l’opéra du Caire ! Il était donc tout à fait naturel que leur épopée les fasse passer par le Liban, notre Alma mater, éternelle source d’inspiration pour les artistes en général et pour Bechara el-Khoury en particulier.

L’orchestre est placé sous la direction de Maestro David Molard, brillant jeune chef, digne représentant de la génération montante des plus grands interprètes européens d’aujourd’hui et de demain.

Zeina Saleh Kayali

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