Dans l'Agenda culturel "Une compositrice libanaise en Italie"

2018-02-19

Irma Toudjian est une compositrice et pianiste libanaise d’origine arménienne, établie en Sardaigne. La sortie de son disque In-Certezza (en certitude), est l’occasion pour l’Agenda culturel de revenir sur son parcours.

Votre actualité est chargée en ce moment : Salon de Musique, nouveau disque... Vous arrivez à concilier tout cela ?
Mon nouveau disque In_certezza sort 6 ans après « L’attente » que j’avais enregistré en 2011. Beaucoup de temps s’est écoulé entre ces deux enregistrements. J’avais composé plusieurs morceaux mais je voulais avoir une unité, un trait d’union entre les morceaux que je proposais dans ce disque. J’avais composé beaucoup pour le théâtre, pour le cinéma et j’ai fini par inclure certains morceaux dans in_certezza. Puis il y a eu la rencontre et la collaboration avec un grand guitariste italien, Riccardo Onori avec lequel on a enregistré quatre morceaux, que j’aime énormément. Riccardo est un grand musicien, compositeur également, qui dans la recherche de couleur et de timbre de mes œuvres a su créer des concordances de grande sensibilité et de délicatesse.

En tant que directeur artistique de l’Association Suoni e Pause, que j’ai fondée, je travaille constamment et j’y consacre la majeure partie de mes journées. Ma mission consiste non seulement dans la programmation et l’organisation du festival annuel ‘Le Salon de Musique’ de l’Association, mais dans la recherche d’un thème, fil conducteur du festival qui s’étend de janvier à juillet avec différents types de soirées où les formes d’arts se croisent, s’unissent et créent des passerelles passionnantes. C’est un travail de recherche très créatif et stimulant.

Les pièces de votre disque sont plutôt nostalgiques. Votre musique reflète-t-elle votre sentiment ?
Je pense que la musique, comme la pensée reflète la personne. Je ne pourrais pas écrire quelque chose qui ne m’appartient pas ou qui ne dévoile pas ma pensée.
L’écriture pour moi ne fait pas partie du travail artisanal du musicien, qui demande une préparation continue et presque ininterrompue.
Composer c’est comme raconter une histoire. Pensez à un enfant qui vous demande de lui raconter une histoire, vous pouvez lui lire des histoires écrites par d’autres personnes mais vous pouvez aussi en inventer dans une sorte d’improvisation et chemin faisant vous découvrez un monde auquel vous n’aviez pas nécessairement pensé ou imaginé avant de le mettre en action, de le créer. C’est ma façon de concevoir la composition musicale, une sorte d’improvisation arrêtée dans le temps donc transcrite sur une portée de façon à pouvoir la raconter à l’infini.

La tradition musicale arménienne constitue-t-elle une source d'inspiration importante dans votre travail de création ?
Il est certain que mon bagage culturel est constitué de mon histoire et de ma culture, qui est non seulement arménienne mais aussi libanaise et européenne. Toute la musique mais également la littérature, les arts plastiques, la danse, le monde qui m’entoure, m’imprègnent et déterminent, consciemment ou pas, celle que je suis aujourd’hui.

Comment définiriez-vous votre musique ?
Je n’aime pas les étiquettes. Je dirais que j’ai une formation classique, j’aime toutes les formes de musique.
Mais je peux dire que j’ai une préférence pour la musique de chambre, la musique intimiste et essentielle. J’aime moins la musique d’effet, symphonique d’où ma recherche de couleurs et de dynamiques.

Que faut-il vous souhaiter ?
Au niveau personnel, j’aimerais beaucoup envisager un retour au Liban pour présenter mes œuvres et surtout mon dernier disque, accompagnée éventuellement de Ricardo Onori.
Et puis, je suis toujours enthousiaste pour rencontrer des musiciens pour échanger et collaborer sur des projets futurs.
En ce qui concerne mon activité de Directeur Artistique j’aimerais pouvoir collaborer avec des partenaires libanais et élaborer des échanges entre la Sardaigne et le Liban. Faire connaître en Sardaigne la nouvelle musique libanaise, et vice versa. Ce serait merveilleux. La culture, la musique, l’art sont l’essence de tout.

Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali

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