Dans l'OLJ "Se souvenir de la talentueuse Diana Taky Deen..."

2018-06-21

La pianiste Diana Taky Deen nous a quittés. Mais se souvient-on encore de cette grande interprète ? Les jeunes générations de musiciens savent-elles qui elle était ? Et pourtant ! Diana Taky Deen fut l’une des figures majeures de la vie musicale libanaise (et internationale) dans les années 1950-1960.
Née aux Philippines en 1934, elle s’installe avec sa mère au Liban dans les années 1940 et suit l’enseignement de Mme Rieu-Langlade, qui était à l’époque le professeur de piano à la mode pour les jeunes filles. Sauf que Diana n’est pas une jeune fille comme les autres, et dès 1949, alors qu’elle a à peine 15 ans, elle donne un récital au cinéma Dunia à Beyrouth qui lance sa carrière et la fait connaître du public beyrouthin.
À partir de 1953, Diana Taky Deen intègre le Conservatoire national du Liban dirigé alors par Anis Fuleihan, lui-même compositeur et pianiste fort réputé (le New York Times l’avait repéré dès 1919 !). Elle suit l’enseignement du maître et étudie l’harmonie et le contrepoint avec Toufic Succar, ainsi que l’histoire de la musique avec Marc-Henri Mainguy.
Le compositeur Georges Baz, qui était également chroniqueur et critique musical et dont l’intégralité des archives se trouve au Centre du patrimoine musical libanais du Collège N-D de Jamhour, a suivi de près la carrière de cette grande pianiste. « C’est l’un des talents les plus représentatifs du Liban », disait-il en 1965, et force est de constater, au fil des articles, combien la carrière de Diana Taky Deen était riche et éclectique, car à part les concerts qu’elle donnait régulièrement au Liban, elle se produisait également en tournées à l’étranger. Ainsi peut-on lire qu’elle avait joué, seule ou avec de grands orchestres, en Espagne, en Turquie, au Maroc, au Nigeria, en Allemagne (dans la maison natale de Beethoven à Bonn !), en France, mais aussi au Festival international de Baalbeck, en août 1957, où elle a interprété en soliste un concerto de Mozart.
Mais ce n’est pas tout car, ne se contentant pas d’interpréter brillamment les œuvres du grand répertoire, Diana Taky Deen avait également mis son talent au service du patrimoine musical libanais en créant de nombreuses œuvres de compositeurs tels que Boghos Gelalian, Georges Baz et Toufic Succar.
En 1975, comme tant de ses compatriotes, elle quitte le Liban pour les États-Unis où elle poursuit sa carrière de pianiste pendant quelques années.
C’est une belle figure musicale du Liban qui s’en est allée.

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