Dans l'Agenda Culturel A Paris, El-Khoury chante El-Khoury

2019-05-21

Zeina Saleh Kayali

Instant lyrique intense avec la soprano Libano-canadienne Joyce El Khoury et le pianiste Antoine Palloc à l’EléphantPaname, étrange petite salle à la voûte étoilée, nichée au cœur du 2e arrondissement de Paris.

Le récital qui aurait pu s’intituler « Musique française et rêve d’Orient », présentait un programme éclectique et rare, composé de mélodies françaises orientalistes (Bizet, Fauré, Chausson, Ravel, Saint-Saëns), ainsi qu’un bouquet de pièces de compositeurs libanais (Zaki Nassif, les frères Rahbani, Najib Hankach). Mais le clou de la soirée était certainement Le Chant d’amour de Bechara El-Khoury, pièce au langage musical contemporain mais néanmoins accessible, sur un poème de Lamartine, constituée d’un dialogue permanent et parfois acrobatique entre le piano et la chanteuse. Joyce El-Khoury s’empare de l’œuvre, l’intériorise et la restitue dans une interprétation très personnelle qui laisse le public le souffle coupé et le compositeur (présent dans la salle) très heureux. Antoine Palloc restitue, par son jeu ample et précis, le souffle orchestral qui est celui de la version originale. Gerald Hugon, éditeur de Bechara El-Khoury, disait de cette pièce qu’elle « devrait être au répertoire de toute soprano qui se respecte ».

Joyce El-Khoury est une très grande chanteuse à l’immense potentiel dramatique, et ce n’est plus à prouver. Elle tient à travers les maisons d’opéra du monde entier les rôles du grand répertoire avec brio et un succès sans cesse croissant. Mais elle démontre qu’elle est également parfaitement à son aise dans le genre périlleux du récital avec piano, qui met le chanteur à nu et ne tolère aucune faiblesse.

Belle soirée où le Liban était à l’honneur par le biais de sa créativité toujours renouvelée et de son patrimoine musical que l’on a pas fini de découvrir.

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