Dans l'Agenda Culturel LES COMPOSITEURS LIBANAIS : HOUTAF KHOURY

2020-10-13

Zeina Saleh Kayali

Tous les mois Zeina Saleh Kayali, fondatrice et directrice de la collection Figures musicales du Liban aux Editions Geuthner, fait pour l’Agenda culturel le portrait d’un compositeur libanais. Qu’ils soient décédés en ayant jeté les bases de la musique savante libanaise, qu’ils soient vivants au Liban ou à l’étranger, ces créateurs souvent méconnus, portent haut les couleurs de notre cher petit pays par le biais de leurs musiques et méritent, pour le moins, un coup de projecteur.


Il règne une atmosphère intellectuelle et artistique dans la famille de Houtaf Khoury, né en 1967 à Tripoli. Son père, écrivain, est très mélomane, spécialement féru de musique vocale. Et déjà le grand-père paternel de Houtaf était un très grand luthiste, mais il décide d’arrêter de jouer de son instrument à la suite de la mort de sa fille.



Deux événements marquent musicalement l’enfance de Houtaf Khoury. À son anniversaire de huit ans, il reçoit un cadeau qui va changer le cours de son existence : un ami de son père lui offre les 24 Etudes de Chopin par le pianiste Gyorgy Cziffra. L’enfant, « très surpris par cette musique », demande une encyclopédie à son père et passe toute une année à lire des biographies de compositeurs. Quelques années plus tard, alors qu’il a 14 ans et qu’il se promène sur Al Mina avec son père, un ami croisé par hasard leur propose un piano et le leur fait livrer à domicile dans l’heure qui suit ! C’est ainsi que Houtaf commence l’apprentissage de l’instrument et d’emblée, fait des progrès fulgurants, accumulant les prix.



En 1988, alors qu’il a 21 ans, Houtaf Khoury obtient une bourse pour aller étudier la composition à Kiev, en Union Soviétique. A force de travail, il réussit à se faire admettre au Conservatoire supérieur de la ville, ce qui n’est pas une mince affaire pour un jeune homme dont la formation théorique est encore loin d’être suffisante. Il y passera neuf ans, travaillera avec les plus grands musiciens et décrochera son diplôme en composition et son doctorat en musicologie. Que faire maintenant ? Rentrer au Liban comme le souhaite sa famille ou partir pour la Nouvelle Zélande à la demande du label Naxos ? Houtaf Khoury choisit le Liban.



Tout inspire Houtaf Khoury qui dit de sa musique qu’elle est « en relation avec l’espace et le temps ». Son très riche catalogue se compose de cinq symphonies, dix-sept concerti pour instruments divers, ainsi que de musique de chambre et de pièces vocales. L’œuvre de Houtaf Khoury connaît beaucoup de succès à travers le monde où de nombreuses commandes lui sont faites. Elle est jouée par de grands interprètes tels que l’Orchestre symphonique de Bamberg sous la direction de Dominique Ponnelle (l’un des derniers assistants d’Herbet von Karajan), mais aussi l’Orchestre symphonique national d’Ukraine, le Kharkov Phliharmonic Orchestra, l’Orchestre philharmonique du Liban, l’Orchestre de chambre de Mannheim, l’Orchestre de Lucerne, l’Orchestre philharmonique de Qatar, le Weimarer Klavierquartett, le Brodsky Quartet. Parmi les grands solistes qui ont créé les pièces de Houtaf Khoury, le flûtiste Wissam Boustany, la pianiste Tatiana Primak Khoury, le clarinettiste Dimitri Ashkenazy, l’altiste Isabel Villanueva, le chef d’orchestre Jordi Mora etc.

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