Dans l'Agenda Culturel La face B d’Elias Maroun

2020-11-16

Zeina Saleh Kayali

Sous une attitude un peu nonchalante, Elias cache une sensibilité à fleur de peau. Dans les six chansons de Face B, son premier album, il libère son émotion d’une voix profonde où la fêlure n’est jamais loin. Entretien.

Comment êtes-vous "tombé" dans la musique ?
Je dirai plutôt que c’est la musique qui est ‘’tombée’’ sur moi, ou comme l’a si bien dit Picasso ‘’la peinture musique est plus forte que moi, elle me fait faire ce qu’elle veut’’.

Ma vie a été rythmée de ruptures, de séparations et d’instabilité. Les deux seules constantes dans ce tumulte émotionnel ont toujours été l’écriture et la musique qui me servent encore et toujours essentiellement de refuge et de calmants anxiolytiques.

Mais bien sûr, tout cela provient d’abord du riche héritage culturel que j’ai reçu de mes parents tous deux architectes et passionnés d’arts, de musique et de culture ainsi que de mes années passées aux Beaux-Arts (ALBA). Tous les trois ont éveillé mes sens et renforcé ma sensibilité. Merci, Merci et Merci !



Comment qualifieriez-vous votre musique ?

Je dirais qu’elle rend hommage à l’esthétique de la chanson française notamment dans ses textes. Elle est influencée par les figures du rock et de la chanson traditionnelle avec lesquelles j’ai grandi, de Brel à Biolay en passant par Gainsbourg.



Racontez votre parcours professionnel et musical
J’ai commencé par une formation d’architecte et, bien que la musique m’habite depuis mon plus jeune âge, c’est véritablement alors que débutait la révolution d’octobre 2019 et que la planète entrait en confinement que j’ai pris le temps de m’y consacrer. Tout d’abord en me plongeant dans des lectures que je n’avais pas eu l’occasion de faire plus tôt, puis en écrivant des textes et en les convertissant progressivement en chansons. J’avais quand même été acteur du milieu musical pendant dix ans, grâce Beirut Open Space, plateforme que j’avais fondée et mise à la disposition de la scène musicale libanaise.


Cet album est-il celui du confinement ?
Je ne saurai encore parler d’« album », d’ailleurs qu’est-ce qu’un album de nos jours ? Mais oui, Face B est la première partie de mon projet musical qui lui, compte à ce jour plus de 60 textes dont 26 que j’ai déjà mis en musique. Ce projet a bel et bien commencé à prendre forme durant le confinement mais c’est surtout la résultante de 15 années de silences. Certes, ce confinement m’a permis de prendre du recul, un temps pour moi-même et de laisser enfin couler le sang sur les pages.


Bien sûr, ce projet n’aurait pas vu le jour sans l’inestimable aide de mes amis producteurs et musiciens, notamment le très talentueux Carl Ferneiné qui a enregistré, mixé et réalisé Face B, les précieux conseils de Philippe Manasseh (Wake Island) et Hassib Dergham (Who Killed Bruce Lee) qui ont supervisé le processus depuis Montréal et Berlin et enfin et surtout de ma très chère amie Cheryl Ghostine, qui a vécu en direct les montagnes russes de mes émotions et qui est aussi venue poser sa voix sur quelques-uns de mes morceaux.
Merci, Merci et Merci !


Comment vous vient l'inspiration ? Textes d'abord puis musique ?
L’écriture a toujours été pour moi autant une échappatoire qu’une façon de se faire entendre. La musique vient ensuite accompagner mes textes en espérant les rendre plus accessibles surtout dans un monde où on ne prend plus trop le temps de lire. Puis dernièrement j’ai décidé d’y ajouter la dimension cinématographique en me demandant si ce monde saturé serait aussi en train de perdre l’envie d’écouter ?

Vous avez déjà sorti deux clips, comment en concevez-vous la réalisation ?
Pour Face B, j’ai eu envie de rendre hommage aux belles années du cinéma en m’inspirant de films qui m’ont marqué. Pour le premier clip ‘’Comme un secret qu’on ne dit pas’’, j’ai voulu faire un clin d’œil à l’une de mes scènes préférées du chef d’œuvre de Wim Wenders, Wings of Desire (Les Ailes du Désir) et pour le deuxième clip ‘’On s’en va’’ j’ai voulu me rapprocher de la poésie romantique de Jean Luc Godard dans Pierrot Le Fou. J’ai une petite idée pour le prochain. On verra bien…

Bien sûr, ces clips n’auraient pas vu le jour sans la générosité et le talent de mes ami(es) réalisateurs Carl Halal et Camille Cabbabé sans oublier l’inspirante Sarah Fayad. Merci Merci et Merci !

Comment pouvons-nous avoir accès à votre musique ?
Face B sera disponible sur toutes les plateformes digitales à partir du 27 novembre. Il est toutefois possible de soutenir le projet à travers le lien suivant : https://eliaseliasmusique.bandcamp.com/releases

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