Dans l'Agenda Culturel Henri Goraieb nous a quittés

2021-01-14

Zeina Saleh Kayali

Le pianiste Henri Goraieb représentait une certaine idée du Liban. Un Liban élégant, raffiné, cultivé, spirituel, un Liban qui, tel le monde d’hier, semble bien loin aujourd’hui. Celui qui disait volontiers « la musique est ma seule raison de vivre », avait véritablement consacré son existence entière à son art.



Né le 9 mai 1935, le petit Henri, à l’âge de six ans, de retour du cinéma où sa maman l’a emmené voir Blanche-Neige, se précipite sur le piano familial pour essayer de retrouver le thème musical du film ! Il est donc urgent de lui faire donner des leçons de piano. Son éducation musicale est alors confiée à plusieurs professeurs à Beyrouth et dès l’âge de 17 ans, il part en France pour perfectionner son art au Conservatoire supérieur de musique de Paris. Il y suivra l’enseignement de deux « dinosaures pianistiques » de l’époque, Germaine Mounier et Marguerite Long. Sa carrière démarre et elle sera jalonnée de succès à travers le monde où il interprètera plus de 80 concertos avec les plus grands orchestres et les chefs les plus prestigieux.



Au début des années 1980, Henri Goraieb qui est très connu dans le monde musical français, présente une émission hebdomadaire sur les ondes de France Musique, Les Archives lyriques. Pendant 18 ans, il est passionnément suivi par de nombreux mélomanes, par les amoureux de l’opéra ainsi que par tous ceux qui sont à la recherche de voix rares et parfois oubliées, qu’il déniche dans l’extraordinaire fonds d’archives de Radio France.



Au début des années 2000, Henri Goraieb est victime d’un accident vasculaire cérébral et les médecins ne donnent par cher de sa rémission. C’est sans compter son opiniâtreté. Au bout de cinq ans il est parfaitement remis et, avec un courage admirable, se remet au piano.



Henri Goraieb fait partie de ces artistes qui, célébrés à travers le monde, restent relativement confidentiels dans leur pays d’origine. Peut-être que la biographie, en cours d’écriture, que lui consacre Alain E. Andréa dans la Collection Figures musicales du Liban (Geuthner), rendra justice à cet immense talent libanais ?

Partager