Dans l'Agenda Culturel MARIE-JOE ABI-NASSIF CHANTE POUR L’USJ

2023-12-21

Zeina Saleh Kayali
Alors qu’elle donne un récital en l’église Saint Joseph à Beyrouth avec le pianiste Denis Dubois, au profit des bourses pour les étudiants de la faculté de droit de l’USJ, la mezzo-soprano Marie-Joe Abi-Nassif répond aux questions de l’Agenda Culturel.



Vous menez de front deux carrières extrêmement exigeantes : d’une part vous êtes avocate à New-York, de l’autre vous êtes chanteuse lyrique. Comment combinez-vous ces deux vies ?

Ce sont deux vies très différentes en effet et les combiner n’est pas toujours évident ; elles ont toutefois en commun d’avoir l’exigence d’une grande rigueur. Il m’arrive d’être parfois extrêmement concentrée sur un texte juridique complexe, quand soudain l’alarme m’informe qu’il est l’heure de mon cours de chant. Il faut donc en quelques secondes passer de juriste à vocaliste ! Mais la musique m’est absolument essentielle et je ne pourrai absolument pas vivre sans elle, c’est une source de bonheur, plus qu’une passion, une véritable vocation.



Avec qui travaillez-vous votre voix ?

Avec la soprano italienne Francesca Pedaci, immense belcantiste, qui a fait une grande carrière en Italie et à l’international et a souvent donné la réplique à Pavarotti, ainsi qu’avec la cheffe d’orchestre Nicoletta Conti, éminente Maestra à la carrière internationale. Toutes deux vivent à Bologne en Italie ce qui n’est pas simple pour moi qui habite New-York ! J’essaye d’y aller dès que je le peux et entre deux séjours, nous travaillons par skype. Avec ces deux fines musiciennes, j’ai beaucoup progressé, notamment au niveau de la technique vocale et de l’homogénéité de la voix. Ce projet de concert, initié par la doyenne de la faculté de droit, Mme Marie-Claude Najm, va me permettre de me « remettre dans le bain » de la scène, ce que je n’ai plus eu l’occasion de faire depuis la pandémie. C’est par ailleurs un projet qui me tient énormément à cœur du fait que je suis moi-même une ancienne de la faculté de droit et que j’estime que l’éducation est le pilier essentiel du Liban.



Qu’allez-vous chanter ?

Un programme très éclectique. Je commence par des Lieder et des mélodies : Brahms, Verdi, Fauré, Poulenc, des airs d’opéra italien : Bellini, Donizetti, deux airs extraits de Carmen de Bizet et je conclue avec deux monuments de la chanson française : Piaf et Aznavour. En cette saison de fêtes je voulais quelque chose de vivant et de varié. Je n’allais quand même pas infliger au public des longs cycles de Lieder austères !



Pourquoi le récital a-t-il comme titre Alter ego ?

Pour deux raisons. Tout d’abord c’est un clin d’œil à ma « double vie », le fait d’être un autre soi-même dans le quotidien, entre avocate et chanteuse lyrique et puis le fait, au cours du récital, de changer constamment de personnages et d’atmosphère. Cela demande beaucoup de concentration. Mais avoir le pianiste Denis Dubois à mes côtés m’aide beaucoup dans cette démarche.



Parlons-en justement. Qui est Denis Dubois ?

C’est un extraordinaire musicien qui a fait toute sa carrière à l’Opéra de Paris comme chef de chant, chef de chœur et assisant sur plusieurs productions lyriques. Il connaît le répertoire lyrique à fond et j’ai toujours beaucoup de joie à travailler avec lui. Denis fait des choix et des propositions musicales pas toujours conventionnels et il sait prendre des risques et sortir des sentiers battus. C’est toujours une question intéressante à se poser. Faut-il interpréter une œuvre au pied de la lettre ou bien a-t-on une « marge de manœuvre » dans l’interprétation ? Peut-on la « recréer » avec sa propre sensibilité ? Il y a plusieurs écoles sur ce sujet et le débat est constamment ouvert.



Que faut-il vous souhaiter ?

Tout d’abord que le récital soit réussi mais aussi et bien sûr que je puisse consacrer plus de temps à la musique. Pouvoir être plus fréquemment sur scène et continuer à progresser. Vous savez, un chanteur n’a jamais fini de progresser !





A savoir

Mardi 26 décembre 2023, à 20h, Eglise Saint-Joseph, Monnot

Billets de 20 à 100 Dollars, en vente à la faculté de Droit rue Huvelin et dans toutes les branches de la Librairie Antoine.

www.antoneticketing.com

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