Dans l’Agenda Culturel MAISON PAN, RÉSIDENCE D’ARTISTE À BEYROUTH
2023-06-27
ZEINA SALEH KAYALI
C’est dans un superbe et lumineux appartement, donnant sur le port de Beyrouth, que Marie Obegi, artiste visuelle qui vit entre Paris et le Liban, a installé Maison Pan, sa résidence d’artiste. Elle raconte à l’Agenda culturel.
Comment vous est venue l’idée de Maison Pan ?
Etant moi-même artiste visuelle, j’ai réalisé que tant que l’on est étudiant, un dialogue constant s’établit avec les professeurs ou entre étudiants eux-mêmes. Mais après avoir décroché son diplôme et avant de se lancer vraiment, l’artiste évolue dans une grande solitude. Avec qui échanger ou discuter ? Les studios d’artistes ne sont pas forcément la solution car chacun est dans son petit cubicule et la communication ne s’établit pas toujours. Or il est très précieux de pouvoir échanger quand l’on est en processus créatif. C’est ainsi qu’est née l’idée d’une résidence d’artiste, un lieu d’accueil.
Vous aviez déjà pratiqué l’expérience à Londres ?
Oui, mais le moment n’était pas propice, juste après le covid et cela n’a tenu que 18 mois. Mais l’idée était lancée et, finalement le Liban a bien plus besoin de ce genre de projets que Londres qui en est saturé ! Moi-même n’ayant pas grandi au Liban, je n’ai pas ce bagage traumatique que peuvent avoir d’autres personnes et c’est peut-être plus facile pour moi de me lancer.
Comment recrutez-vous les artistes invités ?
C’est sur invitation uniquement. Il n’y a pas d’appels à projets. Il faut que je puisse cohabiter avec les artistes invités ! La moyenne d’une résidence est de trois à six semaines, mais je suis flexible. Je dois pouvoir aussi continuer à pratiquer moi-même, en même temps que j’accueille, et ne pas être trop envahie par les questions d’intendance ou d’administration. Il y a là un équilibre à trouver et les choses vont s’installer petit à petit. Les artistes sont logés et nourris, mais ils doivent eux-mêmes assurer leur transport jusqu’à Beyrouth et à la fin de la résidence, je leur demande une donation d’une œuvre. Il y a également un échange pour ce qui concerne le matériel. Si l’artiste achète du papier ou des toiles ou autre, dont il n’utilise pas la totalité, il peut le laisser à la résidence pour la prochaine personne.
Les œuvres travaillées pendant la résidence sont exposées ?
Pas forcément. Cela peut devenir un poids pour l’artiste d’être tenu par une échéance. Maison Pan n’est pas un lieu de production. L’idée est plus d’intérioriser un projet et de l’approfondir pendant la résidence. Si toutefois un artiste a commencé un travail qu’il souhaite terminer, pourquoi ne pas l’exposer. Rien n’est exclu. Je voudrais aussi à terme avoir un impact sur la communauté artistique locale par le biais d’ateliers.
Vous avez en ce moment une artiste en résidence ?
Oui, Pallavi, une jeune artiste indienne qui vit à Singapour et travaille sur papier. Nous nous sommes rencontrées dans le cadre de nos études universitaires à New-York et le courant est tout de suite passé entre nous. Quand je vivais en Argentine, elle est venue me voir et ce fut le début de notre « friendsidency » qui s’est poursuivie à travers le monde au Japon, en Inde, et maintenant à Beyrouth. A chaque fois nous constations que le mois passé ensemble nous donnait de l’énergie pour toute l’année. Il m’a donc semblé évident qu’elle devait inaugurer la résidence.
A savoir
Insta @maison.pan