Dans l’Agenda culturel une interview d’Ameylia Saad Wu 2013-05-02, par Zeina Saleh Kayali, Paris

Ameylia Saad Wu: ’’Je suis Libanaise, Chinoise, Réunionnaise et Française’’

Ameylia Saad-Wu est une artiste multiple et polyvalente. Soprano et harpiste, elle crée par sa voix et sa harpe celtique une musique lyrique et évocatrice aux frontières des musiques néo-classiques, new-age et world. Ses origines libanaises sont très importantes dans son parcours artistique et personnel

Vous êtes chanteuse et harpiste, Libanaise et Chinoise, compositrice et interprète, vous avez vécu à la Réunion, en France et en Italie, vous avez séjourné au Liban, comment conciliez-vous tant de compétences et d’identités ?

Enfant déjà, je m’intéressais à diverses cultures : la mythologie, l’archéologie, la littérature ancienne et contemporaine. J’aimais étudier les styles musicaux, je n’hésitais pas à accepter les projets que l’on me proposait. Plus tard, au cours de mes études, pourtant réussies, j’ai eu l’impression que certains ’’pros’’ se détournaient de l’artiste polyvalente que j’étais. Sans doute pensaient-ils que nul n’est capable de faire plusieurs choses à la fois. Leur fallait-il des spécialistes limités à un seul domaine ? J’ai mis un certain temps à m’accepter artistiquement parlant. Maintenant, je me dis que la Musique est toujours Musique, soit-elle classique ou moderne. Il est regrettable de cantonner un artiste dans un choix unique alors qu’il est capable de réussir dans plusieurs.
J’aime autant l’opéra, l’oratorio, la musique classique, les musiques du monde, la chanson française ou italienne, que la pop ou le raï. Je me demande comment je pourrai m’en défaire alors que j’ai participé à des productions dans la plupart de ces styles.
Ainsi mes atouts sont les fruits de mes multiples racines. Je n’arrive pas à me ranger dans un style où je ne me sentirai pas entière. J’ai acquis la connaissance des arts et des cultures de plusieurs pays. Sociable, j’aime aller vers les autres. Capable, je me lance allègrement dans toutes les propositions artistiques, tout en gardant cependant une préférence pour les cultures qui m’ont forgée.
Tourbillonne en moi le sentiment d’être Libanaise, Chinoise, Réunionnaise et Française. J’ai l’impression d’être une et plusieurs !
Vous mettez en musique les poèmes de votre père. Parlez- nous de sa poésie et de son influence sur votre parcours musical.
Mon père a toujours écrit dans la discrétion jusqu’au jour où il a été remarqué par un prix littéraire. Sa première publication l’a rassuré et incité à continuer dans cette voie. J’étais là pour le lire, donner mon avis et mes conseils, l’encourager à entreprendre d’autres projets. Sa poésie m’avait marquée depuis mon adolescence alors qu’il lisait des extraits de son recueil ’Moires du Sahara’ dans des cafés littéraires. Pendant ce temps, je l’accompagnais à la harpe avec des morceaux écrits par des compositeurs européens.
Après mon premier album ’The dreamer’s dances’, j’ai eu comme un éclair d’inspiration pour créer ma vision musicale de ’Moires du Sahara’ dont les thèmes m’interpellaient. Mon père est poète, je suis musicienne… Nous nous rejoignons dans nos sensibilités romanesques et les allégories poétiques. Les thèmes récurrents sont l’eau, l’océan, le désert, la montagne, l’amour de l’Orient et de l’Occident. Dans mon prochain album ’Moires et Mouvances’, mes transcriptions musicales et émotionnelles s’accorderont naturellement avec ses thèmes poétiques.
Quelle est la genèse de votre trio Keynoad ?
Notre trio a commencé grâce à internet ! En commençant la composition de mon deuxième album, je savais que je voulais une esthétique plus “world” que mon premier disque. Voulant colorer mes nouvelles créations par d’autres sonorités, je cherchais un musicien polyinstrumentiste, compositeur et spécialisé des musiques du monde. J’ai alors pensé à Christian Fromentin, spécialiste des archets orientaux, un de mes contacts sur myspace, et dont les choix artistiques collaient à mes inspirations. Nous avons commencé à travailler en duo.
Par la suite, je souhaitais ajouter un percussionniste pour un titre de l’album. J’ai passé cette fois-ci une annonce sur Facebook. Une collègue italienne m’a suggéré le subtil italo-suisse Nicola Marinoni, vivant dans les Bouches-du-Rhône comme Christian et moi. Le courant est si bien passé entre nous que d’un seul titre avec percussions, nous sommes passés à plusieurs pièces en trio. Nicola étant également compositeur et polyinstrumentiste, nous travaillons ensemble aux arrangements de mes compositions.
Parlez-nous de votre actualité et de vos projets ?
J’aurais la grande première des compositions avec mon trio Keynoad le 2 mai au Centre aixois des archives départementales des Bouches-du-Rhône dans le cadre de l’exposition France-Liban du Conseil général. Je serai protagoniste du spectacle ’Les éclats de l’eau’, sur les compositions et arrangements de Serge Folie, auparavant compositeur des Orchestrades de Brive- La Gaillarde et de l’Océan indien. Nous serons un ensemble instrumental devant près de 300 choristes au festival de Villefontaine.
Avec mon trio Keynoad, je prépare mon deuxième album ’Moires et Mouvances’ qui devrait sortir cet automne. J’espère porter ce projet au Liban. Comme chaque année depuis trois ans, la comédienne Andréa Ferréol fait appel à moi pour ses Flâneries d’art contemporain, en tant que soprano et harpiste.
J’ai également une série de concerts en Bretagne. J’entreprends mon troisième album, mais j’en parlerai quand il sera plus avancé.
Pour en savoir plus : www.ameylia-saad-wu.com

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