Merci au Pape Léon XIV d’être venu fouler notre terre imbibée de sang et de larmes.
Notre terre qui résonne de tant de langues, de tant de religions et de convictions.
Notre région qui porte ses terres saintes comme des croix.
Notre pays qui donne au monde des femmes et des hommes si bons, si généreux, dont des esprits malveillants s’emparent sans vergogne.
Votre venue est une parenthèse qui nous apaise le temps de quelques heures, qui nous permet de laisser nos larmes couler devant tant de douleurs, tant d’épreuves, tant de tristesse.
Votre présence redonne aussi aux gestes d’humanité leur place : le soutien aux plus vulnérables, votre compassion pour les parents des victimes du port, l’écoute de ceux dont la voix n’est jamais entendue.
Merci de montrer cette image de bienveillance et d’empathie dans un pays où, trop souvent, l’arrogance, l’ignorance, l’impunité, l’irrespect et l’adoration de l’argent sont considérés comme des signes de supériorité.
Vous êtes chez nous. Vous dites et vous reconnaissez nos blessures, qui ne sont presque jamais reconnues par ceux qui nous gouvernent et qui sont aussi – pour la plupart – les artisans de nos malheurs.
Merci pour ces quelques heures, merci pour ce baume.
Qu’est-ce qui nous attend maintenant ? Votre message adoucira-t-il les mœurs ? Je ne le pense pas, mais parfois une toute petite graine, portée au gré du vent, peut donner un arbre solide, un pilier auquel se raccrocher.
Je voudrais aussi vous dire que notre heure est grave, que nos esprits et nos corps sont épuisés par 50 ans de guerres et de violences.
Gardez sur nous un œil bienveillant.
Myriam Nasr Shuman
Directrice de l’Agenda Culturel

