Makram Aboul Hosn, est un artiste éclectique, contrebassiste, compositeur, et éducateur. Fondateur de l’Octopus Band depuis août 2024, il se produit au Metro Madina, et présentera le 22 décembre 2025: Twilight Circle à l’Assembly Hall de l’American University of Beirut. Il répond aux questions de l’Agenda Culturel.
Parlez-nous de votre parcours : qu’est-ce qui vous a conduit au jazz ?
J’ai commencé à écouter du jazz quand j’étais adolescent. J’écoutais surtout du rock, puis ça a commencé à évoluer vers un rock plus « mature » comme Pink Floyd ou Deep Purple, ce qui a mené naturellement vers le blues, puis vers le jazz. Cette évolution s’est donc faite graduellement. J’ai étudié au conservatoire, commencé à jouer, puis je suis parti en Hollande où j’ai obtenu un master en composition jazz. Je suis maintenant de retour au Liban.
Vous avez vécu en Hollande et vous avez aussi joué dans de grands festivals au Liban. Pouvez-vous me parler de votre expérience ici et à l’étranger ?
En Hollande et en Allemagne, j’ai joué dans de grands festivals mais aussi dans de petits théâtres. C’étaient des expériences similaires à celles du Liban, où je joue dans les théâtres, les clubs et également sur les grandes scènes. En Europe, la culture de l’écoute est plus silencieuse et unifiée, alors qu’au Liban, le public est plus expressif et participe davantage. Je trouve que cette interaction fonctionne très bien, surtout pour le jazz et la musique arabe, car elle donne de l’énergie aux musiciens.

À Baalbek, nous avons eu des grands noms : Miles Davis, Charles Mingus … Quelle est la place actuelle du jazz dans ces grands festivals ?
À Baalbek, j’ai joué avec mon groupe pendant le Covid, mais ma première performance réelle dans un grand festival sera celle de Beirut Chants. La place du jazz libanais dans les festivals est quasi inexistante : seul Beirut Chants valorise vraiment les talents locaux. C’est un problème culturel : nous pensons souvent que les étrangers sont meilleurs. J’espère que cela changera.
Quelles sont vos influences ? Voulez-vous évoquer votre enseignement à la NDU.
Mes influences sont très larges : le jazz classique ou plus libre, mais aussi la musique indienne, arabe, européenne, africaine, asiatique et latino-américaine. Toute musique m’enseigne quelque chose.
À la NDU, j’enseigne la musique de film : j’analyse avec les étudiants l’impact de la musique sur les images. Je leur apprends également la contrebasse, je vois émerger une nouvelle génération très prometteuse.
Jouez-vous actuellement uniquement au Metro Madina, ou ailleurs aussi ?
Je joue dans plusieurs projets, mais le Octopus Band demande une grande scène, et Metro Madina est idéal. Nous cherchons aussi à jouer hors de Beyrouth.
Je vous ai vu jouer plusieurs instruments… Comment avez-vous monté un groupe aussi large ? Et retrouvera-t-on ce big band à Beirut Chants ?
Au Metro Madina, nous étions jusqu’à dix musiciens. À Beirut Chants, nous serons huit, pour des raisons acoustiques. Le programme ressemble à celui du Octopus Band, avec des compositions nouvelles. Monter le groupe était difficile, mais j’ai suivi ma vision, et grâce à la discipline des musiciens, ça a marché.
Pour revenir au lieu du concert de Beirut Chants, que représente-t-il pour vous ?
L’Assembly Hall est très vaste et symbolique pour moi : j’y ai joué pour la première fois il y a plus de quinze ans. Y revenir avec mon propre projet est important.
Quels sont vos plans après Beirut Chants ?
Je continuerai à développer le Octopus Band, à enregistrer les concerts pour un disque, et à chercher des festivals à l’étranger. Beirut Chants est un atout important, et je suis reconnaissant envers ceux qui soutiennent les talents locaux.



