A Beit Tabaris, Mario Rahi interprète Naji Hakim
Enthousiasme, virtuosité, sensibilité, spiritualité, que dire du moment de grâce offert par le violoniste Mario Rahi au public de Beit Tabaris qui retenait son souffle dans une exceptionnelle et intense écoute ? Le programme était entièrement consacré à la musique pour violon seul de Naji Hakim. Un florilège de pièces tantôt étourdissantes et joyeuses ou bien méditatives et intériorisées, dans le langage musical si particulier d’un immense compositeur passé maître dans l’art de transmettre l’émotion avec une science qui n’appartient qu’à lui.
Le récital s’ouvre sur Méditation, œuvre d’inspiration spirituelle de la période où Naji Hakim était organiste titulaire de la Basilique du Sacré-Cœur à Paris. Vient ensuite Etoile d’or (création), dont le style harmonique conjugue la tonalité classique avec la modalité orientale. Le concert se poursuit avec Vertigo (création) au mouvement rapide et agité, et avec Printemps au caractère ludique, avec en exergue un vers de Victor Hugo : « Le jour nait, couronné d’une aube fraîche et tendre ». Puis Evocation et Tarentelle (création), entre lente déclamation contemplative et légèreté joyeuse, Impromptu, qui se développe dans un mouvement perpétuel, Lettre à Marie-Carmen, sur un thème d’arabesque dans l’esprit d’une valse joyeuse, Bagatelle, Gigue (création) et enfin les Variations sur un menuet de JS Bach, qui déclenchent carrément le délire du public.
Par sa musicalité profonde et sa sonorité radieuse, Mario Rahi entre résolument et de plain-pied dans l’œuvre de Naji Hakim. Il prend le temps de s’installer dans la musique, de respirer avec une poésie et une plénitude de son qui confirment un archet d’exception. Interprétation d’une évidence et d’une humanité, d’un naturel aussi, qui ne trompent pas. Un poète violoniste est à l’œuvre, qui a magistralement servi une magnifique partition.