Abdel Rahman el-Bacha : si la musique pouvait réconforter, j’en apporterai jusqu’à mon dernier souffle
Alors qu’il s’apprête à donner un récital intitulé « Voyage enchanteur » à l’Institut du monde arabe à Paris, au profit de l’association Patrimoine Tripoli Liban, Abdel Rahman el-Bacha réagit sur l’actualité brûlante qui enflamme son pays natal.
OLJ / Propos recueillis par Zeina SALEH KAYALI, le 25 septembre 2024 à 17h28
Abdel Rahman el-Bacha, quels mots vous viennent à l’esprit en ces temps de guerre au Liban ?
Si la raison et l’humanité pouvaient faire un saut quelque part où la folie totale se déverse à flots, que nos frères et sœurs libanais et libanaises puissent revivre… Mais que peut-on faire ? Voici les mots qui me viennent à l’instant : si la musique pouvait apporter du réconfort aux cœurs et corps blessés par les armes de l’injustice, j’en offrirais encore et encore jusqu’à mon dernier souffle.
Ce récital est organisé par une association basée en France et qui se bat pour protéger et valoriser le patrimoine de la ville de Tripoli. Cette cause vous semble importante ?
Essentielle. Même si la ville de Tripoli semble avoir été relativement épargnée par la trop longue guerre du Liban, je suis très touché de constater que notre belle cité du Nord témoigne d’un passé glorieux dont les traces sont encore palpables et vivantes. Malgré le désordre général et ambiant qui règne à travers notre pays, Tripoli se bat pour conserver et valoriser son patrimoine. Il faut en parler, il faut redécouvrir ce lieu hautement chargé de notre histoire.
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Qu’allez-vous interpréter lors de ce récital ?
Étant toujours et avant tout libanais, je voudrais montrer que ma culture est profondément enracinée dans mon âme et dans mon cœur, même si elle a des apports de la musique classique occidentale que je pratique au quotidien. Ainsi, j’interpréterai un florilège de mes œuvres qui, au fond, sont le meilleur témoignage de ce mariage heureux. Ce sera ma manière personnelle de rendre hommage à Tripoli. Puis, plus proche de la France, je jouerai une grande sonate de Frédéric Chopin, lui-même moitié français et moitié polonais. Je terminerai par un bouquet de chansons françaises, issues de mon dernier livre-disque, Souvenirs souvenirs.
Parlez-nous de ce livre-disque paru en 2023…
Il est venu à la suite de la demande d’un pianiste et ami très cher. En effet, Christophe Fontaine est un remarquable musicien qui aime à se produire dans les rues pour faire entendre aux passants de la musique classique. Mais au fil de ses passages, les auditeurs lui réclamaient des chansons françaises célèbres, telles que celles d’Édith Piaf ou Jacques Brel. Alors il m’a confié le soin d’en faire les arrangements originaux, car il trouvait ceux qui existaient trop succincts ou un peu banals. C’est ainsi que je m’y suis mis et que j’ai eu plaisir à réaliser des versions agréables de ces pièces, à jouer et à entendre. Je connaissais certaines de ces chansons, mais j’en ai découvert beaucoup d’autres. Le livre qui accompagne le disque explique l’histoire de chaque chanson et en donne les paroles. J’en jouerai sept sur la vingtaine que compte le disque.
Vous aviez prévu de vous produire à Beyrouth à la mi-octobre, si tout va bien d’ici là ?
Oui, le jeudi 17 octobre à la salle Montaigne, dans un récital organisé par l’Institut français et l’Agenda culturel. Je jouerai douze chansons du disque Souvenirs souvenirs, mais je commencerai par trois pièces majeures de Maurice Ravel, culture française dont je suis un pur produit oblige !
À Paris le vendredi 27 septembre, à l’Institut du monde arabe.
À Beyrouth le jeudi 17 octobre, à la salle Montaigne, Institut français.
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