De la musique pour les jeunes à Beit Tabaris, coûte que coûte par Winetta pour l’OLJ

Dans l’OLJ De la musique pour les jeunes, coûte que coûte

2023-10-27

Par Winetta P
Coûte que coûte, la mission de Beit Tabaris au service de la jeunesse
musicienne libanaise se poursuit, et la résidence musicale a tenu,
malgré le contexte anxiogène, à maintenir les événements prévus,
comme un baume sur le cœur d’un public d’autant plus demandeur
qu’il est nerveusement épuisé.
Tout d’abord, le récital du pianiste et compositeur Sevag
Derghougassian. Au vu de la tension politico-sécuritaire ambiante,
les organisateurs attendaient une petite quarantaine de personnes ;
or, plus du double se sont pressées sous les arcades pour écouter un
programme oscillant entre classicisme, romantisme et modernité.
En premier lieu, la Sonate n° 8 en do mineur de Beethoven,
dite Pathétique, en trois mouvements, qui date de 1798-1799 et que
les musicologues considèrent comme le début de l’affranchissement
de Beethoven par rapport à la musique de Haydn et Mozart
(classicisme) et de son entrée de plain-pied dans le romantisme. Le
deuxième mouvement de cette sonate, devenu célébrissime, a
accompagné beaucoup de films (publicitaires ou non) et fait l’objet
de nombreuses chansons de variété.
Puis vient la Sonate n° 21 en do majeur dite Waldstein, du nom de
son dédicataire, toujours en trois mouvements, qui remonte à 1803-
1804. Cette œuvre appartient à la partie que l’on surnomme «
héroïque » de la carrière du compositeur, car elle est caractérisée
par une série d’œuvres d’envergure exceptionnelle, avec un
déchaînement des passions, une recherche de virtuosité ainsi qu’une
exploration jusqu’à épuisement des possibilités des instruments et
des idées musicales.
La deuxième partie du récital s’ouvre sur une œuvre de Sevag
Derghougassian lui-même, Prélude et Fugue n° 12-File 45. Ce
composteur qui fait dialoguer ses deux cultures, libanaise et
arménienne, définit sa musique comme « néoclassique, apparentée
à Mozart et Haydn, mais produisant un son tout à fait différent ». Il
trouve ses sources d’inspiration dans la littérature, la peinture et le
folklore arménien.
Le récital se clôt en apothéose sur la redoutable Rhapsodie
hongroise n° 2 de Franz Liszt. Et pour l’anecdote, il faut savoir que
c’est cette œuvre, objet d’un célèbre dessin animé de Tom et Jerry,
qui, dans son enfance, donna l’envie à Sevag Derghougassian de se
mettre à l’étude du piano !
Les organisateurs de Beit Tabaris avaient prévu, pour la dernière
semaine du mois d’octobre, la venue de deux grands musiciens
français, la pianiste Christine Marchais et le saxophoniste Marc
Sieffert, qui devaient donner des masterclasses à une dizaine
d’élèves les attendant avec impatience. Hélas ! la tension sécuritaire
n’a pas permis ce déplacement. Mais qu’à cela ne tienne ! les élèves
ont été invités à se présenter quand même à la résidence musicale
où les professeurs les attendaient depuis la France, à travers la
magie de la technologie « zoomienne ». Ainsi les cours ont pu se
tenir à distance et les jeunes, venus des quatre coins du Liban, ont
quand même bénéficié de ce précieux enseignement.
Il faut noter qu’à peine quelques jours avant le fatidique 7 octobre,
Beit Tabaris avait offert une semaine d’une grande intensité à six
chefs de chœur et trois pianistes accompagnateurs qui ont suivi
l’enseignement très haut de gamme d’Olivier Plaisant, chef de
chœur, et Florence Chalamet, pianiste. Pendant six jours d’affilée et
sur plusieurs heures par jour, les neuf jeunes musiciens ont appris
comment appréhender un chœur, comment le faire sonner,
comment l’amener à obtenir ce qu’on lui demande et comment
dialoguer avec un pianiste accompagnateur afin de former un
tandem uni au service du chant choral.
Le programme tournait autour de la musique romantique allemande
(Schubert, Brahms, Mendelssohn et Schumann). Il est vrai que la
fine équipe était servie par un chœur-école exceptionnel, le
mythique chœur Notre-Dame University qui avait été parfaitement
préparé par Fadi Khalil. Le concert de fin de stage, extrêmement
réussi et émouvant, s’est déroulé à l’église évangélique de Beyrouth,
en souvenir de Jean-Pierre Sara, l’un des pères fondateurs de la
musique chorale au Liban dans les années 1950.
Le deuxième événement consistait en une masterclass d’une demijournée suivie d’un concert de la classe de chant de Fernando Afara,
lui-même chanteur lyrique et chef de chœur travaillant entre la
France et le Liban. Un aréopage de chanteurs lyriques a présenté un
récital composé de « tubes » de l’opéra baroque et romantique,
entre français, italien et allemand. Pour clôturer en beauté, les
chanteurs se regroupent autour du piano, tenu d’une main de maître
par Olga Bolun, et entonnent la « Barcarolle » (extraite des Contes
d’Hoffman) bien connue de Jacques Offenbach.
Enfin, le cycle s’est clôturé en beauté et en partenariat avec
l’ambassade d’Autriche, une jeune violoniste autrichienne surdouée,
Nadine Weber, assurant une masterclass de violon à trois jeunes
violonistes libanais, dont une petite de 11 ans très prometteuse !  La journée s’était terminée par un récital de Nadine Weberaccompagnée au piano par Olga Bolun, dans un programme très
éclectique : Bach, Mozart, Gluck, Ysaÿe, Khatchadourian et
Kreissler.

 

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