Gabriel Yared par Zeina Saleh Kayali dans l’Agenda Culturel

Dans l’Agenda Culturel LES COMPOSITEURS LIBANAIS : GABRIEL YARED

2020-06-05

Zeina Saleh Kayali

Tous les mois Zeina Saleh Kayali, fondatrice et directrice de la collection Figures musicales du Liban aux Editions Geuthner, fait pour l’Agenda culturel le portrait d’un compositeur libanais. Qu’ils soient décédés en ayant jeté les bases de la musique savante libanaise, qu’ils soient vivants au Liban ou a l’étranger, ces créateurs souvent méconnus, portent haut les couleurs de notre cher petit pays par le biais de leurs musiques et méritent, pour le moins, un coup de projecteur.

On ne présente plus le compositeur Gabriel Yared. Mais il serait intéressant de découvrir, à travers quelques épisodes de son enfance libanaise, comment cet immense artiste, né à Beyrouth le 7 octobre 1949, a toujours littéralement été hanté par la musique. « Il était tellement pétri de musique depuis la toute petite enfance, qu’il ne pouvait envisager de passer du temps à autre chose » dit l’une de ses soeurs: « Gabriel ne demandait jamais de jouets pour Noël comme les autres enfants de son âge mais toujours quelque chose qui avait un lien avec la musique : un tambour, un harmonica… »

À l’âge de six ans, Gabriel Yared, en se promenant à Beyrouth avec son père, découvre un accordéon dans une vitrine. Subjugué par l’objet, il demande aussitôt à son père de le lui acheter, celui-ci refuse, mais Gabriel menace de se jeter sous les roues du tramway s’il n’est pas exaucé !

Quelques années plus tard, dans un café de la montagne, où Gabriel déjeune en famille, un petit orchestre se met à jouer les airs en vogue de l’époque. Gabriel se précipite vers l’orchestre, fasciné. Quelqu’un l’interpelle : « allez, va jouer avec eux ! ». Gabriel, comme hypnotisé se dirige vers l’orchestre et un des musiciens lui donne un accordéon. L’instrument est plus grand que lui et si lourd, que l’on doit lui mettre un tabouret pour le faire tenir. Et là, pendant vingt minutes, l’enfant joue les airs les plus variés avec une extraordinaire vélocité. Quand il s’arrête tous présents se lèvent pour une interminable standing ovation.

C’est lors d’un concert d’orgue donné par Louis Robilliard à l’église Saint Joseph à Beyrouth, que Gabriel, qui a alors 15 ans, s’occupe de tourner les pages et d’activer les tirettes. C’est la révélation. Il sera, pendant les quatre années qui suivent, l’organiste titulaire de l’église et de plusieurs autres paroisses à Beyrouth, avant de prendre son envol et de partir pour la France accomplir son destin de compositeur. Mais ceci est une autre histoire….

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