Hommage aux compositeurs libanais, de Zeina Kayali, Paris-Agenda culturel

Dans l’Agenda culturel hommage aux compositeurs libanais 2014-01-29 de Zeina Kayali, Paris

Séjour libanais riche en événements pour la pianiste française Christine Marchais et son époux le saxophoniste Marc Sieffert qui, depuis 2009, sont les premiers interprètes occidentaux à valoriser le patrimoine musical libanais à travers une série de concerts en France et par le biais de leur disque ‘La sève du cèdre’ sorti en 2012.
En une semaine passée à Beyrouth, Christine Marchais et Marc Sieffert on donné deux concerts organisés par le Centre du Patrimoine musical libanais (CPML-Espace Robert Matta) et une master class au Conservatoire national supérieur de musique de Beyrouth.
Le premier concert s’est déroulé à la Résidence des Pins de l’Ambassade de France, où dans le décor grandiose de ce lieu historique, une centaine de personnes s’était déplacée au profit des bourses scolaires du Collège Notre Dame de Jamhour pour une flânerie de gala.

Le deuxième concert s’est tenu à l’auditorium Naoum Khattar, où se pressait un grand nombre de mélomanes venus découvrir un événement totalement original et inédit.
Christine Marchais et Marc Sieffert ont dévoilé la richesse, la subtilité et la diversité des musiques libanaises à un public d’abord intrigué puis étonné, et au final totalement séduit par les multiples facettes de notre patrimoine musical. Tantôt gaies, tantôt tristes, d’inspiration orientale ou occidentale, classiques, romantiques ou contemporaines, différentes pièces ont été interprétées. Leurs compositeurs, toutes générations et tendances confondues, parlent au fond d’une seule et unique chose, leur amour du Liban sublimé par leur art.
Ainsi, on a pu entendre des pièces de Naji Hakim, né en 1955, qui revisite les mélodies populaires de notre enfance dans son ‘Ouverture libanaise’, de Toufic Succar, né en 1922, présent dans la salle et qui a tant fait pour valoriser nos racines folkloriques, ainsi que de Gabriel Yared, né en 1949, l’homme à l’Oscar qui porte si haut les couleurs de notre pays à l’étranger et dont la mère et la sœur étaient présentes. Des airs de Bushra el Turk, née en 1982, avec une musique éclatante de jeunesse, de Violaine Prince, née en 1958, présente également et dont le Requiem vient d’être brillamment créé à Montpellier, et de Georges Farah, décédé en 2001 et à qui l’on doit la section orientale du Conservatoire supérieur national. Sans compter Toufic El-Bacha, décédé en 2005, qui a exploré la musique arabe dans ses fondements classiques et dont la fille émue jusqu’aux larmes retenait son souffle, ou encore Zad Moultaka, né en 1967, dont ‘l’Omaggio’ fait si bien dialoguer l’Orient et l’Occident et qui pourrait être sous titré ‘Monsieur Haydn en visite à Beyrouth’.
Grand moment, émotionnellement très chargé et fort, quand, à l’issue du concert, entre rires et larmes, les compositeurs et leurs familles se sont retrouvés sur scène pour une photo historique avec les interprètes.
Avant de repartir pour la France, Christine Marchais a donné une master class de déchiffrage au Conservatoire supérieur national de musique de Beyrouth. Devant une trentaine de professeurs et de grands élèves, la pianiste a expliqué avec un grand sens pédagogique la technique d’approche d’une partition, quelle que soit sa complexité. Elle a ainsi pu donner des astuces pour vaincre les difficultés, et convoquer ceux qui le désiraient au piano pour les écouter, les conseiller et leur transmettre son savoir.
Souhaitons que ce séjour de Christine Marchais et Marc Sieffert au Liban ne soit que le premier d’une longue série, car ces deux musiciens, qui ont si bien compris notre pays et ses musiques, ont encore beaucoup à dire et à faire entendre.

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