La musique sans frontières de Wassim Soubra résonnait avec beaucoup d’émotion en l’église Saint Julien le Pauvre à Paris, l’une des plus anciennes de Paris et dont l’acoustique est célèbre, grâce notamment à la majestueuse iconostase qui trône à l’avant et dont le bois précieux reflète si bien les sonorités musicales.
Ecouter Il Vento, invitation au voyage en forme de cantate, sous l’œil bienveillant des icônes byzantines qui peuplent le lieu, avait quelque chose de surnaturel. Le compositeur, entouré d’une fine équipe, Henri Tournier aux flûtes (traversière, basse et octobasse), Estelle Gourinchas à l’alto, Khaled Aljaramani au oud et avec l’exceptionnelle participation de la merveilleuse soprano Marie-Josée Matar, était au piano pour un moment d’universalité et de poésie.
Au-delà des identités qui peuvent devenir un carcan, comme le dit le compositeur lui-même, Il Vento est une œuvre libératrice et aérienne dont les huit mouvements (Réfractions et Fluctuations, Azur et Alizé, Le Pêcheur solitaire et La Rose, Anima et Il Vento), tantôt joyeux ou plus contemplatifs mais toujours enivrants, s’enchaînent avec souplesse. Le langage musical de Wassim Soubra est du pur contrepoint ce qui veut dire que toutes les lignes mélodiques sont sur le même niveau mais décalées dans le temps. Donc les voix sont d’importance égale sans que l’une ne soit prépondérante et que les autres lui servent simplement d’accompagnement. Le quatuor instrumental, noyau central qui dialogue avec une grande homogénéité, est rejoint à certains moment par la voix de la soprano qui s’élève pure et angélique sous les voûtes millénaires. Le public, venu nombreux, en frissonne (et pas seulement de froid malgré la température polaire qui y règne !).
Grand moment musical et affectif, Il Vento a certainement encore de beaux jours devant lui, car la partition vient d’en être éditée chez Lacroch’, et qu’elle est donc à la disposition d’autres musiciens qui voudraient l’interpréter.
Ce concert dont les recettes sont destinées à aider les étudiants libanais en France, était organisé par l’association Diaspora libanaise Overseas (DLO) qui travaille activement, par de nombreuses activités, à donner une image positive du Liban. Wassim Soubra en est certainement une, et de taille.