L’objectif du centre est de rassembler et mettre en valeur les documents musicaux et en donner l’accès aux chercheurs.
C’est sous le haut patronage du président de la République, Michel Sleiman, représenté par le ministre de la Culture, Gaby Layoun, et en présence du ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui, que le Centre du patrimoine musical libanais (CPML) a été officiellement inauguré au collège Notre-Dame de Jamhour. Une inauguration qui marque le 10e anniversaire du Centre sportif, culturel et social, lequel continue inlassablement de relever de nouveaux défis, de susciter les intérêts, la curiosité et la découverte. De nombreux compositeurs et interprètes libanais, dont certains venus de très loin, étaient présents, pour recevoir un trophée-souvenir des mains du ministre de la Culture.
Pari culturel libanais
Dans son allocution, le recteur du collège, le père Bruno Sion, a tenu à remercier le président Sleiman, parrain de l’événement. « Par son parrainage, il nous signifie que nous avons eu raison de nous lancer dans cette aventure et nous encourage pour la suite heureuse de notre entreprise, a-t-il souligné. En ouvrant ce centre, le collège rend un service national : rassembler et mettre en valeur les documents musicaux, en donner l’accès aux chercheurs… Et un service plus prosaïque aux descendants des musiciens. En y déposant les partitions, ils s’assurent de la bonne conservation de leurs archives et ils en conservent la propriété s’ils le désirent. » La présidente du comité d’orientation du CPML, Joumana Hobeika, également vice-présidente du Centre sportif, culturel et social, a affirmé de son côté que « le centre célèbre ses noces d’étain, un métal solide, à l’image de notre volonté et de notre engagement ». « Les projets du Centre culturel et du CPML viennent en réponse à une diversité d’attentes culturelles et musicales, a-t-elle poursuivi. Une réaction élégante à l’inculturation, qui propose d’ériger la musique comme dernier rempart contre la marchandisation du monde. Un pari que nous nous fixons et que nous nous engageons à tenir tous ensemble… à l’heure où l’on prophétise la disparition de la culture. » Et d’observer que « le patrimoine musical de notre pays est immense ». « Il est à notre image, nous les Libanais, diversifiés, éparpillés à travers le monde, entre Orient et Occident, a-t-elle précisé, soulignant que cette double ouverture est la valeur ajoutée du Liban et que la musique savante en est une parfaite illustration. »
Lieu de mémoire
« Ce patrimoine musical est un bien précieux et il fallait un écrin pour le rassembler, le conserver, le chérir et le transmettre. Il fallait que cet écrin se situe géographiquement au Liban, ici sur notre terre, comme une affirmation de soi pour ceux qui y vivent et comme un retour aux sources pour ceux qui n’y vivent pas. » C’est en ces termes que Zeina Salah Kayali, mélomane passionnée et auteure du tout premier ouvrage recensant les 132 compositeurs libanais, Compositeurs libanais XXe et XXIe siècles, entend sensibiliser le public libanais à « sa » propre musique. Elle a estimé que « grâce au collège Notre-Dame de Jamhour, le rêve devient aujourd’hui réalité », avec la naissance du Centre du patrimoine musical libanais. « Pour les musiciens disparus, il constituera un lieu de mémoire où ils resteront vivants. Pour les musiciens vivants, un lieu de création, d’échanges, de contacts et de découvertes mutuelles. Et pour le grand public, un lieu d’écoute », a-t-elle dit.
Prenant à son tour la parole, Samir Abillama, président du comité directeur du Centre sportif, culturel et social, a mis l’accent sur l’importance de la musique, qui « jusque-là n’était pas une de nos priorités ». « Pendant ces 10 dernières années, nous avons essayé d’éduquer le regard en dévoilant les collections de peinture, de sculpture de certains anciens du collège, a-t-il observé. Nous avons développé les sens et la culture, en parcourant la plupart des pays à travers nos flâneries. Nous avons tenté également de développer le sens gustatif, en organisant des dîners préparés par de grands chefs. » Et de conclure : « Aujourd’hui, nous consacrons à la musique une année, avec un programme de qualité, et un Centre du patrimoine musical libanais à la hauteur de vos attentes. »
La cérémonie a été clôturée par le pianiste-compositeur Georges Daccache et la chanteuse lyrique Samar Salamé, qui ont offert à l’assistance un moment musical enchanteur, emprunt d’émotions.