Le jeune Kamal El Hage (21 ans) est déjà un artiste affirmé. Il prend courageusement et avec lucidité la très difficile voie de la composition et de la chanson à Los Angeles où il vit et raconte son parcours déjà très riche à l’Agenda culturel.
Vous n’êtes pas « tombé » par hasard dans la musique ?
Non certainement pas ! Nous sommes une famille d’artistes en général et de musiciens professionnels. Mon grand-père Maroun Tomb était peintre, ma mère, Fadia Tomb El Hage, est chanteuse ainsi que ses deux sœurs. Etant le plus jeune, j’entendais, dès ma plus tendre enfance, la musique que mes trois grandes sœurs alors adolescentes écoutaient en boucle, Whitney Houston, Maria Carey, Justin Timberlake etc et je chantais tout le temps, sans arrêt. Je ne me souviens pas de ma vie sans le chant. C’est en fait ce style de musique qui m’a énormément influencé pour la suite des événements. Bien sûr voir et entendre ma mère sur scène a été aussi très important dans mon parcours personnel.
Vous avez suivi un cursus musical ?
Absolument. J’ai commencé l’étude du piano à l’âge de 7 ans, tout d’abord à l’école de musique NDU et ensuite au conservatoire et j’ai suivi tout le cursus de formation musicale, solfège etc. C’est en fait cela qui m’a structuré musicalement. Mes premiers exercices d’écriture ont consisté à changer les paroles des chansons que j’écoutais. J’ai ainsi traduit un grand nombre de standards américains et anglais en langue française.
A quel moment avez-vous vraiment commencé à composer ?
Très jeune, vers 9 ou 10 ans. C’était bien sûr très basique et il m’a fallu plusieurs années pour vraiment intérioriser et comprendre l’esprit de l’écriture musicale. Vers l’âge de 15-16 ans j’ai commencé à trouver mon style musical et à réaliser qu’il me fallait effectuer une fusion de toutes mes influences. Aujourd’hui je sais que mon langage musical qui est pop et R&B, intègre de plus en plus l’Orient mais plutôt côté instrumental, car chanter et écrire en arabe demande une formation musicale que je n’ai pas.
Après votre baccalauréat passé au Liban vous vous expatriez à Los Angeles ?
Oui où j’ai suivi des études en composition et en écriture de chansons (song writing) pendant trois ans. Je viens d’obtenir mon diplôme et ces quelques années m’ont ouvert l’esprit sur les innombrables possibilités et sur le fait qu’il faut constamment se former. Cela m’a également appris l’importance d’acquérir une technique solide et ne pas compter uniquement sur l’inspiration. L’écriture musicale, y compris de la pop qui est devenu aujourd’hui un genre kaléidoscopique, nécessite une connaissance de certains outils, avec des étapes précises à suivre. C’est un véritable savoir-faire surtout quand il faut combiner plusieurs influences et que le résultat soit cohérent.
Comment et où envisagez-vous votre avenir ?
Il est aujourd’hui beaucoup moins compliqué de se lancer et d’avoir du succès aux Etats-Unis, puis de se faire connaître dans notre région du Moyen-Orient plutôt que le contraire. Quand vous avez été reconnu à l’extérieur, vous êtes accueilli en héros chez vous. Je revendique bien évidemment mon identité libanaise, mais pour acquérir une certaine renommée et pour toucher la jeunesse libanaise dont je fais partie, il est essentiel de réussir à l’étranger.
Quel est votre projet artistique ?
Écrire, interpréter et produire ma propre musique mais je travaille aussi comme compositeur arrangeur et auteur pour d’autres artistes ce qui est très différent en termes de dynamique et de philosophie. Il s’agit là d’être dans des séances d’écriture avec d’autres auteurs et artistes et c’est vraiment comme une séance de thérapie. Cela commence comme une conversation et au fur et à mesure cela s’approfondit jusqu’à trouver un thème. C’est une démarche collective et de collaboration. Le monde de la musique a beaucoup changé avec le streaming. Il y a quelques années un artiste, pris en charge par une maison de disques, produisait un album par an avec une dizaine de chansons. Aujourd’hui, pour exister l’artiste qui est seul, doit poster pratiquement tous les jours une œuvre nouvelle sur les différents réseaux sociaux et, au bout du compte, s’il touche suffisamment d’auditeurs, il peut enregistrer un album. C’est une forme de révolution. Se faire un nom et exister devient évidemment beaucoup plus difficile dans la multitude. Cela demande un débit constant de musique et de vidéos dans un marché déjà saturé. Aujourd’hui être artiste ce n’est pas juste savoir chanter mais c’est avoir quelque chose à dire et avoir une perspective propre et personnelle, une vision qui le différencie des autres.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Sur une série de chansons que je vais présenter entre les mois de juin et de juillet. Je suis en pourparlers avec deux producteurs qui fondent une société de management et dont le projet consiste à produire des artistes arabes qui seraient sur un créneau de cross over entre la musique pop et la musique orientale, ce qui n’existe pas encore vraiment. Je suis aussi par ailleurs sur des projets d’écriture pour d’autres artistes ce qui est tout à fait passionnant.
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