Alors qu’elle ne s’est pas produite au Liban depuis deux ans, Marie-Joe Abi Nassif revient en beauté, dans un récital à l’AUB, Assembly Hall, accompagnée par un orchestre de chambre sous la direction du Père Toufic Maatouk.
Vous venez d’être nommée associée dans un grand cabinet d’avocats new-yorkais, et vous poursuivez en même temps une carrière lyrique. Comment conciliez-vous ces deux activités extrêmement prenantes ?
Droit et musique font bon ménage ! Mais plus sérieusement, en effet cela demande une organisation imparable et une discipline de fer. Je dirai même qu’il faut faire des sacrifices, souvent aux dépens de la vie familiale et sociale, parfois même de la santé. En même temps c’est cela qui me garde en vie.
Vous vous déplacez entre New-York, Paris, Bologne et Beyrouth ?
En effet, mes professeurs de technique vocale sont à Bologne et Paris. Quand je ne peux pas me déplacer, nous faisons nos sessions en ligne. A New-York je travaille avec des chefs de chant et Beyrouth est consacré à la famille. Le cabinet d’avocats où je suis associée me laisse la flexibilité de travailler à distance, ce qui est très précieux.
Votre répertoire de prédilection se situe entre le bel canto italien et l’opéra romantique français. Qu’allez-vous interpréter lors du concert de clôture de Beirut Chants ?
Un programme très éclectique et varié. J’ai choisi de ne pas du tout chanter de cantiques de Noël, vu que le public en a entendu un certain nombre pendant tout ce mois de décembre ! Je commencerai par Mozart et j’irai jusqu’à Elton John.
Éclectique en effet ! Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Noel c’est la naissance d’un enfant miraculeux, symbole de l’amour absolu. J’ai donc choisi comme thème l’amour. Depuis Cherubino dans les Noces de Figaro de Mozart qui, émerveillé, découvre l’amour avec la comtesse, jusqu’à l’amour source de souffrance dans Cavalleria rusticana de Mascagni ou Werther de Massenet ou encore Faust de Gounod. Puis je passe à la chanson française avec Piaf et Brel et enfin la chanson anglaise avec David Bowie et Elton John.
C’est un marathon stylistique ! Mais n’est-il pas dangereux pour la voix ?
Si justement il faut être très prudent sur le plan de la technique vocale, car chacune de ces œuvres requiert une façon de chanter différente. On ne projette pas la voix de la même façon selon que l’on interprète Mozart ou Brel, Massenet ou Mascagni etc. La tessiture est très différente et la voix peut-être soit une voix de poitrine soit une voix de tête ce qui n’est pas du tout la même chose. L’essentiel est de respecter la voix tout en restant fidèle au style que l’on interprète pour franchir la ligne d’arrivée sans dommage ! Il est également important de ménager sa voix dans les jours qui précèdent le concert. Ainsi j’évite les lieux où il y a trop de monde, qui peuvent être enfumés et surtout j’évite de trop parler !

