Les souvenirs, souvenirs d’Abdel Rahman El Bacha de Zeina Saleh Kayali-Agenda Culturel

Dans l’Agenda Culturel LES SOUVENIRS, SOUVENIRS D’ABDEL RAHMAN EL BACHA

2023-11-20

Zeina Saleh Kayali
Alors qu’il vient de publier Souvenirs souvenirs, aux éditions Villanelle, un livre assorti d’un enregistrement musical dédié à la chanson française, le pianiste mondialement connu Abdel Rahman El Bacha, répond aux questions de l’Agenda Culturel.

Quelle est la genèse de ce projet très original ?

Il n’a pas été planifié, mais est venu à la suite de la demande d’un pianiste et ami très cher. En effet, Christophe Fontaine est un remarquable musicien qui aime à se produire dans les rues pour faire entendre aux passants de la musique classique. Mais au fil de ses passages, les auditeurs lui réclamaient des chansons françaises célèbres, telles que celles d’Edith Piaf ou Jacques Brel. Alors il m’a confié le soin d’en faire les arrangements originaux, car il trouvait ceux qui existaient trop succincts ou un peu banals. C’est ainsi que je m’y suis mis et que j’ai eu plaisir à réaliser des versions agréables de ces pièces, à jouer et à entendre. Je connaissais certaines de ces chansons, mais j’en ai découvert beaucoup d’autres.

Le répertoire s’est ainsi construit au fil du temps ?

Oui car les pièces plaisaient à Christophe et il en redemandait ! Les chansons françaises ont souvent de très belles mélodies et des textes profonds mais il leur manque un arrangement ou une orchestration intéressante. En tant que musicien classique je n’étais pas satisfait par ce que j’entendais et je me suis donc permis d’intervenir pour en faire de la musique à part entière avec le raffinement qui s’impose.

Ces arrangements sont-ils publiés sous forme de partitions ?

Non hélas, car la législation est extrêmement pesante pour ce qui concerne l’obtention des droits et mon éditeur n’a pas l’énergie (et le temps !) de se consacrer à des démarches aussi complexes et lourdes. En revanche, à la demande, je peux envoyer à tel ou tel musicien une version manuscrite d’une œuvre ou d’une autre. D’ailleurs l’épouse de Jacques Brel qui a entendu mon arrangement de Ne me quitte pas, m’a écrit une lettre très émouvante où elle parle de « finesse et d’émotion » et où elle dit qu’elle aimerait bien réentendre cette version. N’est-ce-pas la plus belle des autorisations ? Ce genre de témoignage légitime totalement la démarche.

Quels sont les chanteurs dont vous avez ainsi arrangé les œuvres ?

Jacques Brel, Barbara, Georges Brassens, Charles Aznavour, Edith Piaf, des chansons traditionnelles comme Parle-moi d’amour, Les feuilles mortes, bref un florilège de Souvenirs, souvenirs !

Pour vous la chanson constitue un véritable patrimoine musical ?

Absolument. Je suis issu d’une famille où la chanson a toujours été présente et elle a une valeur à part entière, qu’elle soit traditionnelle ou populaire, légère ou issue de la musique arabo-andalouse. Elle a fait partie intégrante de mon enfance et j’ai grandi avec elle. Je n’ai jamais compris les frontières que l’on établissait entre les genres musicaux. Je me suis parfois entendu demander si en tant que Libanais je préférais jouer de la musique occidentale ou orientale, mais je ne fais pas de différence. Le critère est qu’une musique me plaise. La vraie frontière se situe entre le raffinement et la platitude, pas entre les différents genres musicaux. Une chanson peut m’émouvoir autant qu’une œuvre de Chopin.

Quels sont vos prochains projets ?

Un Concerto de l’Empereur de Beethoven au Palais des Beaux-Art (Bozar) à Bruxelles, les Folles journées de Nantes en janvier prochain, un concert au bénéfice du Conservatoire national libanais à l’occasion du don de pianos Bechstein en février à Beyrouth, une tournée au Japon, un concert à Lille etc. Et peut-être aussi des récitals-dédicaces pour présenter ce nouvel ouvrage.

 

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