Quel rapport entre Bint el Chalabia et Jean-Philippe Rameau ou entre Feyrouz et Vivaldi ? L’ensemble les Cordes résonnantes bien sûr ! Si d’aucuns pensent que musique baroque et musique orientale ne vont pas ensemble, qu’ils se détrompent ! L’ensemble Les cordes résonnantes et la chanteuse Nadine Hassan, tous placés sous la direction ferme et sensible de Joe Daou, en ont fait une éblouissante démonstration.
Au théâtre Metro Madina complètement bondé et survolté, ces excellents musiciens ont prouvé que le dialogue des cultures n’était pas un vain mot et qu’il était tout à fait possible de mélanger harmonieusement des « tubes » de la musique baroque italienne et française avec les grands standards de la chanson arabe. Sans compter bien sûr un très bienvenu clin d’œil à la musique savante libanaise avec la Gavotte de Wadia Sabra (1876-1952), œuvre écrite dans le plus pur style baroque.
Ce projet était une idée de Joe Daou. Avec la compositrice italienne Francesca Soana, il l’a développé et mis en œuvre, ciselant les pièces baroques avec une grande finesse, leur donnant un cachet oriental. Au cœur de la musique, survient la chanteuse Nadine Hassan, spécialisée dans le répertoire arabe classique, qui d’une voix chaleureuse et profonde, interprète de façon parfois totalement inattendue, des chansons de Feyrouz, Asmahan, Abdel Wahab etc. L’orchestre s’est adjoint des instruments orientaux ce qui, dans cette fusion totale des timbres, rend le résultat final encore plus cohérent.
Présenté en collaboration avec l’ambassade d’Italie au Liban et soutenu par des partenaires culturels, il faudrait absolument que ce concert d’une très grande originalité, puisse être donné plusieurs fois à travers le Liban ainsi qu’à l’étranger. Car il incarne parfaitement l’âme libanaise : tantôt d’Orient, tantôt d’Occident, sans exclusion de l’une ou de l’autre, éternel pont entre les cultures et les civilisations.