Dans l'Agenda Culturel: Roula et Vénus, musique et poésie

2019-03-18

Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali

On dit que la poésie est la cousine germaine de la musique. La Rencontre, disque de Roula Safar et Vénus Khoury Ghata, toutes deux au sommet de leur art et qui marie si harmonieusement les deux genres, en est bien la preuve. Roula Safar répond aux questions de l’Agenda Culturel.

Quelle est la genèse de ce disque ?
Chacune de nous aime et admire le travail de l’autre. Pour ce qui est de la musique, nous sommes restées sur un choix de musiques baroques italiennes et populaires espagnoles entre le XVe voire avant et le XVIIIe siècle, celles qui font partie de l’univers où nous nous retrouvons autour de la poésie de Vénus. Les textes, extraits d’Orties, long poème qui fait partie du recueil Quelle est la nuit parmi les nuits (Mercure de France, 2004), ont été choisis par Vénus.

Vous avez quand même mis en musique un poème de Vénus Khoury Ghata qui figure sur ce disque ?
Oui il s’agit d’un extrait de son dernier recueil poétique Gens de l’eau. L’adaptation a été finalement mutuelle et non pas que dans un sens. Vénus cherchait à rendre son poème encore plus accessible du fait qu'il allait être chanté. Je le vois entre récitatif et complainte, entre mélodie et chanson.

Quel est le fil conducteur du disque ?
On pourrait en dégager quelque chose qui touche au questionnement. Le disque s’ouvre sur une pièce de Barbara Strozzi « Que peut-on dire, que peut-on faire » et Vénus répond avec un lyrisme flamboyant « noircir les pages ». Il n’y a pas, de façon évidente une suite logique entre les chants et les textes mais certains points communs comme le thème de l’ortie et de l’épine (Lascia la spina, laisse l’épine et cueille la rose de GF Haendel). La dernière pièce du disque est très enlevée et elle parle de Séville, grand creuset de culture et de civilisation à l’époque médiévale.

Ce n’est pas la première fois que vous mêlez musique et poésie, loin s’en faut. Vous avez sorti récemment un disque où vous mettez en musique des poèmes de Paul Valery. Pensez-vous que ce mélange soit important ?
Très important et j’y tiens beaucoup. La ligne éditoriale musique/poésie est de plus en plus rare et notre producteur en a assuré la direction artistique. Il y a eu concertation sur l'agencement des textes et des musiques. Et puis avoir la voix de Vénus qui dit ses propres textes est une telle fierté !

Qu’est qui unit Roula Safar et Vénus Khoury Ghata ?
Le lien avec Vénus qui est né il y a plusieurs années, avant de nous retrouver ensemble sur scène pour la première fois, continue de se construire. Nous avons donné d'une manière officielle un des premiers concerts-lectures à Lourdes dans le cadre de l'Atelier Imaginaire, rendez-vous sur plusieurs jours d'écrivains, comédiens, musiciens autour de rencontres, d'ateliers d'écriture, de concerts poétiques et spectacles. Notre concert-lecture était un tissage entre ses poèmes et mes chants baroques italiens, espagnols anciens et des chants poétiques libanais. Plus tard j'ai introduit des poèmes de Georges Schehadé (poète qui m'a souvent inspirée) que j'avais mis en musique et qu'elle apprécie aussi semble-t-il beaucoup, ainsi que ceux de Vénus elle-même que j'ai commencé à chanter. Notre rencontre se situe entre la mélancolie et la joie. Une vibration ou sensibilité qui nous relie. Je ne saurai dire.

Comment vous définissez-vous ?
Comme un troubadour des temps modernes.

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