Dans l'Agenda Culturel Concert Franco-Libanais à Paris

2019-03-19

Par Zeina Saleh Kayali

Il est toujours émouvant d’écouter (et de voir) un orchestre de jeunes français interpréter une pièce maîtresse du patrimoine musical libanais devant un public nombreux et admiratif. C’était le cas en la cathédrale Notre Dame du Liban à Paris quand les jeunes de l’orchestre symphonique du Conservatoire à Rayonnement Régional de Rouen ont offert, sous la direction inspirée de Claude Brendel, le concerto pour piano n° 1 de Naji Hakim (né en 1955) avec Christine Marchais en soliste.

Conçu à l’italienne (trois mouvements, vif, lent, vif), ce concerto allie tour à tour l’orient, la valse, un hommage à Chopin, une cadence pour la soliste, pour se terminer dans une tarentelle joyeuse et virevoltante. Cette création parisienne, depuis la création mondiale à Beyrouth en 2015, n’est que la troisième interprétation de ce qu’il ne faut pas craindre d’appeler un chef d’œuvre et il est fort étonnant que les pianistes et les orchestres du monde entier ne s’intéressent pas plus à cette pièce flamboyante que l’on devrait entendre bien plus souvent dans les salles de concerts.

La première partie de ce concert franco-libanais avait été consacrée à des pièces du compositeur français Jean-Philippe Bec (né en 1968) dont Tité Malikutakh (Notre Père) superbement interprété en christo-palestinien, la langue la plus proche de celle du Christ, par le ténor Père Naoum Khoury. On y entendait aussi, du même compositeur, un cycle de miniatures pour saxophone et piano, jouées en création, par le duo Marchais-Sieffert qui en sont les dédicataires.

Également au programme de la première partie, trois pièces pour ténor de Naji Hakim dont deux Carols de la tradition syro-maronite qui reflètent si bien le génie de ce compositeur à s’emparer d’un thème, le déconstruire et le reconstruire, donnant ainsi au Père Naoum Khoury l’occasion de faire entendre comment l’on peut mêler la technique occidentale du chant à l’émotion de l’âme orientale. Enfin pour clore cette première partie, Our Lady’s ministrel, pièce virtuose et joyeuse pour saxophone et piano qui permet à Christine Marchais et Marc Sieffert de démontrer leur dextérité technique alliée à leur complicité musicale.

Belle soirée où les musiques et les cultures dialoguaient en parfaite harmonie.

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