Tous les mois Zeina Saleh Kayali, fondatrice et directrice de la collection Figures musicales du Liban aux Editions Geuthner, fait pour l’Agenda culturel le portrait d’un compositeur libanais. Qu’ils soient décédés en ayant jeté les bases de la musique savante libanaise, qu’ils soient vivants au Liban ou à l’étranger, ces créateurs souvent méconnus, portent haut les couleurs de notre cher petit pays par le biais de leurs musiques et méritent, pour le moins, un coup de projecteur.
Naji Hakim, compositeur et organiste né à Beyrouth le 31 octobre 1955 et établi à Paris depuis 1975, commence à être régulièrement programmé au Liban pour le plus grand bonheur de ses compatriotes mélomanes, mais il est également une star en Europe du Nord, où la tradition organistique est très présente, et où il est régulièrement invité à se produire et à faire interpréter son œuvre.
Mais comment est-il « tombé » dans la musique ? À l’âge de cinq ans, Naji Hakim éprouve son premier choc musical. Alors qu’il entre pour la première fois dans la chapelle du Sacré-Cœur de Beyrouth où retentit l’orgue majestueux, il se sent envahi par une intense émotion qui le marque à tout jamais. C’est ainsi que naît sa passion pour l’orgue, qui, chevillée au corps et au cœur, ne le quittera plus jamais.
Après des études musicales au Conservatoire de Beyrouth, Naji Hakim quitte le Liban pour la France afin d’achever ses études d’ingénieur à l’École supérieure des télécommunications de Paris. Mais là n’est pas sa vraie voie, il s’ennuie. C’est la musique qui le taraude, c’est elle qui le fait vibrer et, après un parcours semé d’embûches, le jeune homme réussit le redoutable concours d’entrée au Conservatoire supérieur national de musique de Paris. Il en sortira couvert de gloire et de sept premiers prix !
Commence alors une fulgurante carrière. Organiste titulaire de la basilique du Sacré-Cœur à Paris puis de l’église de la Trinité. Naji Hakim devient une référence absolue pour les organistes du monde entier qui font le voyage parfois des confins du monde jusqu’à Paris, pour l’écouter jouer et improviser à la tribune de la Trinité. Il développe en parallèle une foisonnante activité de compositeur : œuvres symphoniques, concertantes, vocales, pour instruments seuls et de la musique de chambre. Il est en outre un grand pédagogue et sa classe d’analyse au Conservatoire national de la région de Boulogne-Billancourt, près de Paris, est l’une des plus prisées de France. Il suffit d’interroger ses anciens élèves (dont certains sont devenus d’illustres musiciens) pour réaliser à quel point ils ont été marqués par son enseignement.
Naji Hakim est marié à Marie-Bernadette Dufourcet, elle-même grande organiste et improvisatrice et ils ont deux enfants Katia-Sofia et Jean-Paul.
Fleuron du patrimoine musical libanais, Naji Hakim fait partie de ces artistes qui savent s’affranchir de la tradition sans pour autant la renier et en lui restant fidèle.
A savoir
Mardi 30 avril : Sonates libanaises à l'auditorium Abou Khater par Georges Daccache et Mario Rahi
Vendredi 3 mai : Création du concerto pout txistu avec l'orchestre philharmonique du Liban à l'église Saint Joseph