Zeina Saleh Kayali
Tous les mois Zeina Saleh Kayali, fondatrice et directrice de la collection Figures musicales duLiban aux Editions Geuthner, fait pour l’Agenda culturel le portrait d’un compositeur libanais. Qu’ils soient décédés en ayant jeté les bases de la musique savante libanaise, qu’ils soient vivants au Liban ou à l’étranger, ces créateurs souvent méconnus, portent haut les couleurs de notre pays.
La voisine de Roula Baaklini est professeur de piano et toute son enfance, la petite fille est bercée par le défilé des élèves qui jouent tous genres de morceaux. Roula commence l’apprentissage du piano à l’âge de 8 ans et intègre le Conservatoire national à l’âge de 14 ans. Elle poursuit sa formation en piano, matières théoriques et musicologie à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) avec notamment Jad Riachy qui lui a « beaucoup apporté ». En 2005, Roula Baaklini part pour les Etats-Unis où elle perfectionne l’art de la composition à la Texas Tech University ainsi qu’à l’Université de la Nouvelle Orléans. Depuis son retour au Liban, en 2013, Roula Baaklini est professeur à l’USEK et au Conservatoire national.
Alors qu’elle n’a que 13 ans et qu’elle écoute les œuvres du grand répertoire, notamment la Symphonie n° 9 de Beethoven, Roula Baaklini décide qu’elle veut composer. « Au Moyen-Orient, être une femme qui compose n’est pas chose aisée » dit-elle. Mais rien n’arrête sa passion. Son catalogue est très riche, entre musique vocale, musique pour piano, pour orchestre ou musique de chambre. Son langage musical est «un mélange de folklore Libanais, de liturgie syriaque et de langage de la musique classique du 20e siècle ». Son écriture est « moderne et lyrique, avec des harmonies post-Bartok, des rythmes moyen-orientaux mêlés à la technique du contrepoint ». Pour Roula Baaklini, le compositeur hongrois Bela Bartok est une référence absolue. Il suffit qu’elle entende quelques mesures de sa musique pour que cela l’inspire. Elle estime que la double culture « est une richesse inestimable ». Le fait d’avoir étudié également la musique orientale et la musique occidentale lui donne « un œil neuf » par rapport aux personnes qui n’ont qu’une seule formation.
Toute la musique de Roula Baaklini « parle du Liban ».Elle est très souvent« une réaction à la guerre civile qui a accompagné sa jeunesse et elle mêle l’ethos libanais à la tradition occidentale de musique classique ». En 2017, son Ouverture from Lebanon, est créée par l’Orchestre philharmonique du Liban placé sous la direction de Maestro Jordi Mora.