Dans l'Agenda culturel, Ziad Kreidy ou le voyage à travers les métamorphoses du piano

2013-03-01

Ziad Kreidy, pianiste libanais établi en France, s’est récemment illustré par de nombreux concerts et par la sortie de son ouvrage ’Les avatars du piano’ (Editions Beauchesne) où il convie le lecteur à un voyage musical à travers les âges et les métamorphoses du piano. Ziad Kreidy joue lui-même, quand il en a l’occasion, sur des pianos d’époque et cette correspondance entre l’œuvre d’un compositeur, son époque, ainsi que le piano sur lequel elle est susceptible d’être jouée, le passionne.


Vous êtes pianiste, musicologue et compositeur. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et des rencontres musicales importantes de votre vie ?
Je considère l’ensemble de mes activités comme un tout. Je ne souhaite pas être spécialiste d’une seule chose, de peur de rétrécir mon univers. Mes études ont été longues et diversifiées : piano, pianoforte, clavicorde, musique de chambre, écriture, harmonie au clavier, analyse, organologie et finalement un doctorat de musicologie. Je dois énormément à mes maîtres. Mais le musicien qui m’a le plus marqué, je ne l’ai jamais rencontré. C’est le compositeur japonais autodidacte Tôru Takemitsu auquel j’ai consacré mon doctorat. Il m’a appris à mieux me connaître, à lier l’art à l’identité, à voir la musique comme un style de vie.

Vous êtes passionné de pianos d'époque, et d'ailleurs vous n'hésitez pas à donner des concerts sur ces pianos quand vous en avez l'occasion et vous venez de publier un ouvrage intitulé ’Les avatars du piano’. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
M’intéressant aux pianos anciens depuis 1999, j’ai constaté que le monde du piano, dans sa grande majorité, ignore sa propre histoire et la déprécie. De nos jours, on pense que l’ensemble des pianos fabriqués jusqu’aux abords de la Seconde Guerre mondiale sont inférieurs au grand piano de concert contemporain. Ce que je trouve absurde. Chaque piano réussi a ses qualités et ses limites. J’ai écrit mon livre pour défendre une profonde conviction : dans l’histoire de l’art occidental, il n’y a pas eu de progrès et cela s’applique aussi au piano. Le piano n’est pas uniquement une machine avec un clavier actionnant des marteaux, il est surtout un instrument d’art. Les pianos anciens, toujours différents, m’enrichissent. C’est un monde infini. Même si les Steinway sont de très bons pianos, la standardisation actuelle est une pauvreté.

Parlez-nous de votre actualité et de vos prochains concerts.
Je suis invité le 14 mars pour une conférence sur les pianos français du XIXe siècle à la Sorbonne. Mes prochains concerts sont aussi parisiens : sur pianos anciens, un Boisselot de 1828 et un Pleyel de 1849, un programme Schubert / Chopin les 22 et 23 février à l’atelier de Philippe Jolly, et les 13 et 14 avril au musée Cognacq-Jay ; sur piano moderne, un programme Mozart, Schubert, Chopin et Grieg le 16 mars à la chapelle Saint-Jean.

Propos recueillis par Zeina Kayali, Paris

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