A travers son premier album ‘Double Time’, Michel Sara, auteur, compositeur et interprète, propose un univers original mélangeant chanson française et sonorité authentiquement jazz et faisant la part belle aux parties instrumentales.
Entouré d’un excellent quintette, Philippe Khoury au piano, Claude Brisset à la contrebasse, Etienne Brachet à la batterie, Pierre Mimran au saxophone et Bruno Simon à la guitare, il interprète à la fois ses compositions et des reprises d’artistes comme Serge Gainsbourg (période jazz) ou Bobby Lapointe. Concert le 30 mars au Sunset-Sunside à Paris. Michel Sara, vous êtes issu d'une famille où la musique est très présente, parlez-nous de votre parcours. J’ai eu la chance d’avoir un père féru de musique, mélomane, arrangeur aussi bien de musique dite ’’légère’’ que religieuse, membre d’un quatuor vocal... Je me souviens que, dès mon plus jeune âge, j’étais assis au piano en train d’essayer de reproduire des airs familiers. J’ai tout de même été formé à la musique classique mais ma réticence à ingurgiter du solfège ne m’a pas aidé… J’ai néanmoins suivi ce cursus classique jusqu’à mon adolescence où l’émigration de Beyrouth à Paris a généré une rupture. J’ai continué à jouer au piano, mais sans un ’’but précis’’, si l’on peut dire. Comment s'est opéré le déclic du classique vers le jazz, et celui de l’interprétation vers la composition ? Vers l’âge de 18 ans, je me suis tourné vers le jazz dont j’ai été un mélomane assidu. J’ai eu la chance de ’’rattraper’’ en live les géants du jazz, aujourd’hui tous ou presque disparus : Dizzie Gillespie, Miles Davis, Ella Fitzgerald, Oscar Peterson, Lionel Hamilton, Sonny Rollins, Stan Getz, Ray Charles... J’ai aussi écouté les jazzmen de la génération suivante, comme les frères Marsialis, Steve Turre, Monty Alexander, ou d’autres dans des styles très différents. Je me suis aussi intéressé au jazz rock, à l’acid jazz… Les ’’matrices’’du blues et du jazz étant si riches, leurs nombreuses ’’progénitures’’ offrent souvent des expériences passionnantes. J’ai pris des cours d’harmonie et de jazz et, à l’approche de la trentaine, j’ai commencé à écrire et composer des chansons, dans une veine jazz. Ces chansons étant très personnelles, il m’a semblé cohérent d’en être l’interprète, même si je ne me considère pas comme un chanteur, au sens d’une personne ayant une technique vocale travaillée. Je revendique simplement la sincérité de l’auteur-compositeur. Quelle est la genèse de l'album que vous présentez lors de votre concert du 30 mars à Paris ? Mon ’’Double Time’’ reprend une sélection des titres que j’ai composés depuis cette époque, en restant fidèle à ce mélange entre chanson française et jazz. Je laisse la place belle aux instrumentistes, presque comme dans un
morceau de jazz instrumental. A ces compositions, j’ajoute des arrangements de titres d’enfants qui sont un clin d’oeil à ce que mon père me jouait enfant, schéma que j’ai reproduit avec mes propres enfants. Dans mon concert du 30 mars, j’inclurai aussi des reprises d’artistes qui ont compté dans ma formation musicale, tel Serge Gainsbourg qui, au début de sa carrière, fut un maître de l’alliance réussie entre chanson française et jazz. Propos recueillis par Zeina Kayali, Paris