Dans l'Agenda Culturel LE TANGO ET LE CHOEUR

2021-12-23

Zeina Saleh Kayali
Encore un pari réussi pour le chœur de l’USJ et Yasmina Sabbah. L’ensemble et sa mythique cheffe se sont emparés avec bonheur de la Misa Tango du compositeur argentin Martin Palmeri (né en 1965), pour la restituer avec jubilation et recueillement, mélange d’intentions pas toujours facile à obtenir.

Œuvre atypique et audacieuse, la Misa Tango créée en 1993, avait été jouée en 2013 au Festival international d’art sacré du Vatican pour rendre hommage à l’intronisation du pape François, lui-même d’origine argentine. Cette œuvre totalement originale allie l’esprit d’une messe avec son ordinaire (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus) et l’atmosphère dansante et joyeuse d’une soirée endiablée de tango. Et c’est là que l’on constate la finesse d’interprétation du chœur de l’USJ et de Yasmina Sabbah. Toujours le ton juste, ni trop ni trop peu, toujours dans l’esprit de l’œuvre. Il est inutile de préciser que le chœur de l’USJ peut aujourd’hui rivaliser avec les plus grands ensembles. C’est une évidence, ils sont excellents. Les passages solistes sont également très émouvants et la belle voix cristalline de la soprano Lara Jokhadar se démarque de l’ensemble tout en gardant avec lui une merveilleuse homogénéité.



L’orchestre des Jeunesses musicales tient remarquablement son rôle, ni omniprésent ni trop effacé, soutenant les voix quand il le faut mais prenant la parole quand son tour vient d’être en première ligne. Et toujours sous la direction ferme et sensible de Yasmina Sabbah.

La deuxième partie du concert est consacrée à des pièces instrumentales de pur tango en hommage au compositeur argentin Astor Piazzolla (dont on célèbre le centenaire de la naissance), par le Trio italien de la Sombra, comprenant Mario Rahi, notre remarquable premier violon solo de l’Orchestre philharmonique du Liban, Vincenzo de Filippo au piano et Pasquale Lancuba au bandonéon. Œuvres intemporelles et envoûtantes qui emportent l’auditeur dans une autre dimension et dont l’exceptionnelle interprétation bouleverse l’âme et le cœur.



Pour la troisième partie, le chœur revient avec des arrangements originaux (Oblivion de Piazzolla), transcrit spécialement par Vincenzo de Filippo, ainsi qu’un arrangement de Jingle Bells Tango par le compositeur norvégien Sverre Indris Joner. Le concert se termine dans une apothéose de chants de Noël traditionnels qui emballent un public déjà sous le charme.

Merci au chœur de l’USJ et à Yasmina Sabbah de nous offrir, alors que tout va si mal, des moments si privilégiés de belle musique. Non, tout n’est pas perdu !

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