Dans l'Agenda Culturel NATASHA NASSAR, UNE VOIX À DÉCOUVRIR

2022-07-18

Zeina Saleh Kayali
Baptême du feu (fort réussi) pour la jeune mezzo-soprano Natasha Nassar qui se produisait récemment en ouverture du Festival de Beiteddine. Elle se confie avec une émouvante sincérité à l’Agenda Culturel.

Votre famille comptait-elle des musiciens ?

Non pas du tout ! Mais nous avions un piano à la maison, et depuis ma toute petite enfance j’avais l’habitude de m’y installer et de pianoter en chantant des chansons.



Vous éprouvez un important choc musical à l’âge de six ans ?

Absolument. Je reçois en cadeau un enregistrement intitulé « les meilleures sopranos ». Cela constitue pour moi un véritable choc et j’en deviens littéralement habitée, l’écoutant en boucle. Une obsession. Donc à l’âge de sept ans, j’avais mémorisé les grands airs de l’opéra et je les chantais en permanence. Je voulais devenir chanteuse d’opéra.



Que se passe-t-il alors ?

Je suis entendue par un professeur de chant habitant la Californie. Nous nous y rendions tous les étés avec mes parents alors que nous habitions alors Dubai. Cette dame qui ne travaillait habituellement pas avec des enfants, m’a quand même dispensé son enseignement, car elle trouvait que j’avais un grand potentiel. Je continue à travailler ma voix également à Dubai et me retrouve dans une situation où, n’arrivant pas à parler d’autre chose, je suis rejetée par mes camarades de classe qui ne comprennent pas cette obsession.



Vos parents vous envoient alors en pension aux Etats-Unis ?

En effet, à l’âge de douze ans, je pars à Boston où je me retrouve dans une école très stricte et en parallèle je m’inscris au Conservatoire de la ville où je m’immerge complètement dans la musique, apprenant le piano, le violon, le saxophone, la trompette et bien sûr le chant et les matières théoriques.



A l’âge de 18 ans il vous arrive une chose terrible ?

Oui, je perds ma voix ! Et je suis obligée de m’arrêter de chanter pendant trois ans. C’était absolument affreux. Entretemps, j’étudie les Sciences politiques et l’opéra à la North Western University, mais je suis totalement dévastée. Jusqu’au moment où je subis une intervention chirurgicale avec tout ce que cela implique de problèmes et notamment de garder un silence total pendant un mois.



Il vous a fallu du temps pour vous remettre ?

Oui beaucoup plus de temps que ce que j’escomptais. Psychologiquement j’étais atteinte et je retardais le moment de remonter sur scène. Mais à quelque chose malheur est bon car cela m’a tout de même permis de découvrir d’autres univers musicaux et notamment de m’initier à la composition.



Vous êtes maintenant en pleine possession de vos moyens vocaux ?

Oui la passion m’a reprise ! Et ce n’est pas facile de réapparaître après une éclipse. Le monde musical peut être féroce. Cela fait deux ans que je suis revenue sur scène. Pour moi, le concert de Beiteddine a été un défi, que j’ai eu la joie de relever avec l’ensemble Les Cordes résonnantes et la soprano Lara Jokhadar que j’admire énormément.



Quels sont vos projets ?

J’en ai beaucoup ! Pour l’instant je travaille sur un album avec la pianiste et compositrice Fadia Doumani. Il s’agit de quelque chose de très original à la frontière de plusieurs univers musicaux.



Etes vous heureuse d’être de retour au Liban après de longues années d’expatriation ?

C’est la meilleure décision que j’ai prise de ma vie !

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