La soprano libanaise, également chef d’orchestre, revient le 27 septembre dans son écrin de prédilection, la salle Gaveau à Paris, pour un récital intitulé « Lueur d’espoir ».
OLJ / Propos recueillis par Zeina SALEH KAYALI
Qu’allez-vous chanter à la salle Gaveau le 27 septembre et par qui serez-vous accompagnée ?
Je vais chanter de nouvelles créations, dans le cadre de mon projet
Orientarias. La majorité des oeuvres sont composées par Éros
Babylone, Rania Awada, Paul Khalifé, Joseph Khalifé et Jules
Massenet. Je serai accompagnée par l’orchestre de la Garde
républicaine de Paris (dirigée par le colonel François Boulanger),
ainsi que par les choeurs sans frontières (dirigés par Olivier
Frontière), avec qui j’ai eu le plaisir de faire notre première
représentation d’Orientarias à la salle Pleyel en 2010.
« Orientarias », airs d’orient, sont des créations lyriques en langue
arabe.
Je suis heureuse d’apporter une petite contribution de paix à notre
cher Liban à travers la musique de ces talentueux compositeurs et à
travers les textes de Rushdi Maalouf, Perron Ramli, Camille Tawil,
Carmen Vita et moi-même. À travers la musique occidentale et la
langue arabe, nous renforçons ce lien précieux que nous avons la
chance d’avoir avec la France.
Votre carrière musicale évolue et prend un tour nouveau
avec votre activité de chef d’orchestre. Pouvez-vous nous
en dire plus à ce sujet ?
Après avoir chanté une quarantaine de rôles sur scène, poussée par
feu mon mari, Camille, j’ai intégré la Schola Cantorum en 2018, puis
l’ADONS (Académie de direction d’orchestre de Neuilly-sur-Seine)
en cours de direction d’orchestre sous la direction d’Adrian
McDonnell. J’y ai obtenu mon diplôme en juin dernier.
J’ai pu, à travers ces années à l’Académie, diriger plusieurs
orchestres, dans des oeuvres de Mozart, Dvorak, Rachmaninov,
Tchaïkovski, Prokofiev, Wagner et bien d’autres. J’ai même eu
l’occasion de diriger l’orchestre Colonne, avec qui j’ai chanté
plusieurs Messes et Oratorios il y a plus de 20 ans !
Pour mémoire
Rima Tawil ou la grâce infinie de l’art lyrique à la salle Gaveau
J’ai aussi eu le bonheur de faire des concerts mémorables avec
Hugues Reiner, chef d’orchestre, mais également excellent barytonbasse,
passant de chanteur/chanteuse, à chef.
Diriger mon projet « Orientarias » est l’occasion de donner aussi la
chance à d’autres chanteurs et compositeurs de faire leurs débuts
sur scène à travers des créations.
Pensez-vous que la musique a le pouvoir de consoler des
drames qui parfois jalonnent une vie ?
La musique est mon exutoire. Sans elle je ne sais pas où je serais
actuellement. À travers le piano, le chant, la musicologie et la
direction d’orchestre, j’ai tant étudié, mais je me sens encore si
ignorante... Il me faudrait plusieurs vies pour définir ce que veut
dire « Musique » et ce qu’elle englobe comme science et comme art.
J’ai passé la majeure partie de ma vie dans l’opéra, à travers tous
mes rôles. Je souhaite continuer à travers Orientarias, mettant en
avant mes origines, le mélange et le rapprochement des cultures. Je
cite ce qu’a affirmé l’académicien Amin Maalouf : « Orientarias n’est
pas seulement une entreprise novatrice et prometteuse, c’est
également un acte de civilisation, et c’est un geste d’espoir. »
Que faut-il vous souhaiter ?
Les artistes vous diraient de me dire « merde » ! (rires). Pour ma
part, ce serait la patience et la persévérance, afin d’atteindre la
réussite méritée d’Orientarias, dont rêvait mon défunt mari.