Fadia Tomb El-Hage ou l’heureux mariage de l’âme orientale
avec la technique occidentale
Le 01/10/13
J’aimeJ’aim
Après le Festival international de Baalbeck,
voici qu’au Festival d’Ile de France, Fadia
Tomb El-Hage présente un merveilleux
dialogue entre chant oriental et polyphonies
corses avec l’ensemble polyphonique A
Filetta. Cette immense cantatrice au registre
rare de contralto, et qui allie avec bonheur
la sensibilité et l’âme orientale avec la
rigueur et la technique occidentale, nous
parle de son parcours et de ses projets.
La musique a-t-elle toujours été présente dans votre vie ?
Du plus loin qu’il m’en souvienne, j’ai toujours entendu ma mère chanter la
liturgie byzantine. Elle a une voix superbe et se produisait de temps en temps
dans des occasions familiales ou sociales. Mes soeurs et moi chantions très
naturellement quand nous avions des invités à la maison et nous faisions partie
d’une chorale byzantine qui servait régulièrement la messe grecque catholique.
Enfant, j’ai appris le piano et le solfège, puis à l’âge de 17 ans j’ai intégré la
classe de chant de Badiha Haddad au Conservatoire de Beyrouth. A la même
époque, avec mes soeurs, nous nous produisions avec les Rahbani et cette
collaboration a été un formidable et inestimable apprentissage du métier.
Vous êtes ensuite partie pour l’Allemagne.
Oui pour des raisons familiales je me suis retrouvée installée à Munich et je me
suis inscrite au conservatoire Richard Strauss. C’est là que j’ai reçu la formation
théorique et pratique complète essentielle à tout musicien. C’est aussi à Munich
que j’ai intégré l’ensemble de musique médiévale Sarband, avec qui je chante
toujours, et qui a été une incroyable école pour moi. Le directeur musical de
l’ensemble, Vladimir Ivanov, érudit, spécialiste de musique ottomane et très
intéressé par le mélange des cultures, me faisait interpréter la musique
médiévale comme la musique orientale, donnant une très grande part à
l’improvisation. Ce qui n’était pas toujours facile pour moi, parfois je devais me
’’jeter à l’eau’’ mais cela m’a énormément appris et m’a donné une liberté
immense.
Parlez-nous de votre collaboration avec le compositeur Zad Moultaka dont
vous êtes une grande inspiratrice.
J’ai rencontré Zad Moultaka à Baalbeck en 1998 où je me produisais avec
Sarband. Notre connexion artistique et musicale a été immédiate et d’une très
grande force. Je considère que ma rencontre avec Zad est représentée par le
projet ‘Zarani el Mahboub’, ce mouachah revisité par son génie, que nous avons
joué un peu partout et qui a fait l’objet d’un album. Dans cette pièce, Zad était
au piano et notre dialogue musical et artistique d’une intensité extraordinaire. J’ai
eu d’autres collaborations passionnantes avec Zad, dont la création de son opéra
de chambre ‘Zajal’. Toutefois, je considère que rien n’a égalé ‘Zarani’ que j’ai
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Fadia Tomb El-Hage ou l’heureux mariage de l’âme orientale avec la technique occidentale, Agenda Culturel
http://www.agendaculturel.com/Musique_Fadia_Tomb+El_Hage_ou_l_heureux_mariage_de_l_ame_orientale_avec_la_technique_occidentale[01/10/2013 08:53:12]
porté comme on porte un enfant !
Et maintenant cette aventure totalement originale avec le groupe
polyphonique A FIletta !
Ici, je dois rendre grâce au chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui qui, ayant travaillé
séparément avec moi et avec A Filetta, a conçu cette collaboration et y a cru,
alors qu’au début nous étions plutôt sceptiques ! Il nous a donc intégrés dans
son spectacle ‘Puzzle’, et ce mélange de langues et de traditions s’est
effectivement avéré très heureux. Nous allons d’ailleurs poursuivre ce dialogue
fructueux en essayant de mélanger les musiques folkloriques libanaises et corses,
puisque jusqu’ici nous nous étions cantonnés à la musique sacrée.
Propos recueillis par Zeina Kayali, Paris