Dans l'Orient le jour "Mes Ethiopiques" de Jacques Debs

2013-10-24

Zeina Saleh KAYALI
C’est dans l’atmosphère surchauffée d’un cinéma plein à craquer du Quartier latin de Paris que s’est déroulé le lancement de l’ouvrage de l’écrivain-cinéaste Jacques Debs, Mes Éthiopiques (paru le 31 octobre aux éditions Albin Michel). Cet ouvrage se présente en parallèle avec une série de quatre films sur le thème des Églises premières (Arménie, Éthiopie, Inde, Liban), films produits par France Télévisions et programmés pour le mois de décembre sur France 2. L’événement, qui a bénéficié du concours de Serge Akl, directeur de l’Office du tourisme libanais à Paris, et qui est placé sous le patronage de l’ambassadeur du Liban auprès de l’Unesco, le Pr Khalil Karam, avait attiré tout ce qui compte d’intellectuels et d’artistes franco-libanais établis en France. L’ambassadeur Karam ouvre la séance, présente Jacques Debs, « le cinéaste de l’humain », et fait le rapprochement entre l’oeuvre de Debs et les idéaux d’humanisme et de dialogues des cultures de l’Unesco. Il souligne aussi que Jacques Debs, grand mélomane, met toujours en valeur le patrimoine musical libanais dans ses films. C’est en effet le
compositeur Zad Moultaka qui a écrit la bande originale des quatre documentaires en se basant chaque fois sur la culture et la langue du pays concerné, faisant interpréter sa musique par le contre-ténor islandais, que l’on retrouve aussi dans d’autres films de Jacques Debs. Puis, Jean Mouttapa, directeur de la collection « Spiritualités vivantes » aux éditions Albin Michel, raconte sa rencontre avec Jacques Debs, le parcours de ce dernier et la genèse du projet autour des Églises premières. Il lit de larges extraits de l’ouvrage, passages souvent émouvants et toujours sans concessions. Le Pr Joseph Maïla prend ensuite la parole. L’un des premiers intellectuels au monde à avoir compris l’importance de la question du religieux dans les relations internationales donne sa vision personnelle de l’ouvrage de Debs. Il conclut son passionnant exposé en affirmant qu’aujourd’hui, « il n’y a pas de christianisme oriental apaisé », et en se demandant, à l’instar de Debs, comment se créer une « orientalité ». C’est Jacques Debs lui-même qui conclut cette première partie en comparant de façon vivante et imagée et avec beaucoup d’humour la cohabitation des cultures et des religions dans certaines parties du monde. Elles sont comme un couple qui passerait par des hauts et des bas et qui gérerait tant bien que mal, grâce à des recettes parfois improbables, un quotidien pas toujours facile. La deuxième partie de la soirée a été consacrée à la projection de deux films (sur les quatre qui doivent passer à la télévision en décembre) : l’un portant sur l’Éthiopie et l’autre sur l’Inde. Dans ces deux pays et à travers une très vivante galerie de portraits, Jacques Debs nous montre le quotidien des communautés chrétiennes dont la vie est totalement tournée vers la charité et le don de soi. Qu’il soit charmé par la sérénité qui se dégage du visage de la religieuse éthiopienne, amusé par l’artiste qui ne conçoit pas la créativité sans la main de Dieu, ou ému par la générosité de l’Indien qui met toutes ses capacités au service des indigents, le spectateur est sans cesse interpellé, bousculé, amené à réfléchir et parfois même bouleversé. Cette très belle réalisation, littéraire et cinématographique de Jacques Debs, artiste multiple, complet et exigeant, nous démontre encore une fois la vitalité de notre « diaspora artistique » libanaise, souvent éparpillée aux quatre coins de monde

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