Dans l’OLJ RÉCITAL Patrick Fayad déconfine le piano de l’église Saint-Joseph 2020-06-30 de Zeina SALEH KAYALI
Quelle joie de retrouver enfin le chemin d’une salle de concert (en l’occurrence l’église Saint-Joseph) pour goûter la joie retrouvée d’un récital de piano ! De s’asseoir parmi le public, malgré le port du masque et la distanciation sociale, d’attendre impatiemment l’arrivée de l’artiste et puis deplonger avec délice dans la musique. C’est grâce aux efforts conjugués de la banque BEMO, toujours à l’avant-garde de la vie culturelle libanaise et du département de lettres de l’Université Saint-Joseph que s’est tenu dimanche soir le tout premier concert post-confinement de Beyrouth. Patrick
Fayad, artiste Steinway, pianiste concertiste formé en France, notamment par la grande France Clidat (surnommée « Madame Liszt »), a offert à l’assistance un programme résolument romantique, composé d’oeuvres de Beethoven, Schubert et Liszt. Le père Gabriel Khairallah, recteur de l’église, a d’abord pris la parole pour accueillir le public et évoquer l’importance de la résistance culturelle en ces jours sombres que connaît le Liban. Karl Akiki, chef du département des lettres françaises de l’USJ, a ensuite informé les personnes présentes que ce concert est le point de départ d’un programme de fonds de bourses destinés aux étudiants désireux de s’inscrire en lettres, soulignant l’importance de garder le visage francophone du Liban. Enfin, Riad Obégi, président de la banque BEMO, a affirmé qu’il est indispensable de garder
courage et de rester debout, afin de mieux préparer « l’après ». Ces introductions passées, le concert a pu commencer. L’interprétation de Patrick Fayad est ardente, fiévreuse et passionnée, comme il sied à ce type de répertoire. Il a débuté
avec la Sonate n° 14 dite Au clair de lune de Beethoven, oeuvre dont le succès ne s’est jamais démenti dès sa
création, au point d’irriter le compositeur qui estimait en avoir écrit de bien meilleures par la suite. Place ensuite
à Schubert, compositeur mort si jeune (à 31 ans) et qui nous laisse une oeuvre d’une extraordinaire richesse.
La Sonate D 784, concise et intense, est marquée par l’inquiétude d’un artiste qui commence à subir les assauts
d’une maladie qui le tuera cinq ans plus tard. Place à Liszt enfin, un compositeur qui a fait évoluer la technique
pianistique et dont les oeuvres d’une difficulté redoutable terrifient les pianistes les plus aguerris. Ce soir-là, la magnifique interprétation des Années de pèlerinage suisse (orage) est venue comme une apothéose. Pas de doute, Patrick Fayad est Lisztien.
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