Ruinous Gods créée par Layale Chaker, de Zeina Saleh Kayali-Agenda Culturel

Dans l’Agenda Culturel RUINOUS GODS, OPÉRA DE CHAMBRE DE LAYALE CHAKER ET LISA SCHLESINGER

2023-06-16

Zeina Saleh Kayali
La jeune compositrice et violoniste libanaise Layale Chaker se voit commander un opéra par le prestigieux festival Spoleto aux Etats-Unis, œuvre qui sera créée en mai 2024. Il s’agit d’une œuvre engagée puisque le sujet en est le traumatisme des enfants dû aux déplacements massifs de populations.

Ruinous Gods raconte l’histoire d’une mère, Hannah et de sa fille de 12 ans, Hala, qui sont forcées de fuir leur maison. De nombreux Libanais font partie de la distribution et de l’équipe artistique dont Maya Zbib et Omar Abi Azar du Zoukak Theatre Company qui assureront la mise en scène.

Composé par Layale Chaker sur un livret de Lisa Schlesinger, dramaturge, militante et éducatrice new-yorkaise, Ruinous Gods décrit le marasme politique qui mène les plus vulnérables sur les routes de l’exil. Le livret se concentre sur ce que l’on appelle le « syndrome de résignation » qui rend les enfants qui le vivent, dans un état proche du coma.

La librettiste a commencé à réfléchir à l’histoire en 2015 au moment de la ruée des migrants, notamment syriens, qui se sont précipités en Europe. Le cas des enfants atteints par le syndrome de résignation en 2017 en Suède l’a profondément émue. « S’endormir pour fuir la réalité est vraiment la genèse de l’œuvre » dit-elle.

La compositrice a comme motivation de susciter le débat sur la façon dont les gouvernements et les sociétés traitent les migrants. “J’espère que cela nous donnera l’envie de nous interroger sur l’état du monde tel que nous le laissons à nos enfants”, déclare-t-elle.

“Cela pourrait arriver à n’importe lequel d’entre nous si nous étions déplacés de nos maisons”, poursuit Schlesinger. “Nous pourrions arriver à un point où nous sommes tellement surchargés que nous pourrions simplement nous endormir.” Elle espère que Ruinous Gods inspirera le public avec un sens renouvelé de l’hospitalité envers les immigrants.

Depuis que la compositrice et la librettiste ont commencé à travailler sur Ruinous Gods il y a quatre ans, le nombre de réfugiés dans le monde a considérablement augmenté pour atteindre 117 millions de personnes déplacées. Et selon toutes les indications, ce décompte continuera de monter en flèche d’ici mai 2024.

Le langage musical de l’œuvre se situe entre les traditions du maqam arabe et de la musique classique occidentale.

Ruinous Gods est écrit pour six solistes, un chœur, un orchestre de chambre à cordes, un hautbois/cor anglais, un basson, une flûte, une clarinette, une harpe, des percussions et un piano ainsi qu’un clavier micro tonal qui pourra jouer des notes qui se situent entre la gamme occidentale standard, afin de représenter plus précisément les sons et les traditions musicales arabes, ottomanes, hindoustani et perses.

Ruinous Gods comportera plusieurs couches de discours, alternant le chant avec la parole, sur des textes tirés d’anciennes divinations et incantations babyloniennes et assyriennes. La compositrice a tenu à créer une atmosphère intimiste « fragile et aussi proche que possible du public ».

Le festival de Spoleto, connu pour son éclectisme et sa volonté d’innovation cherche, ces dernières années, à aborder plus directement les problèmes sociaux contemporains. L’œuvre est coproduite et co-commandée par l’Opera Wuppertal et Nederlandse Reisopera.

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