Ulla Miilmann, flutiste-soliste à :Monsieur Béchara el-Khoury, « votre concerto a touché au coeur » 2022-12-02 de Zeina Saleh Kayali dans l’OLJ
C’est un accueil absolument enthousiaste qu’a reçu le Concerto n° 2 op. 113 pour flûte et orchestre Nordic Dreams de Béchara el-Khoury, dont la création mondiale se tenait il y a quelques jours au Grand Concert Hall à Copenhague par le Danish National Symphony Orchestra et Ulla Miilmann en soliste, tous placés sous la direction du célèbre chef Fabio Luisi.
« Votre concerto a touché au coeur », a déclaré la flûtiste, extrêmement émue, au compositeur à l’issue de l’exécution de l’oeuvre. Le concert avait été retransmis en direct par la radio nationale danoise, faisant l’objet de nombreux commentaires et de louanges, tant cette pièce a bouleversé le public et les journalistes.
L’un des commentateurs disait d’ailleurs : « C’est une musique d’ordre spirituel, car elle vient d’une âme pure et d’une pensée pure qui expriment quelque chose de surnaturel, quelque chose à quoi nous aspirons tous et que nous essayons d’accomplir. Ce compositeur est unique, car sa musique arrive à nous propulser dans une dimension transcendantale. »
Commande de l’Orchestre symphonique national du Danemark, dédiée à Ulla Miilmann, l’oeuvre est puissante, envoûtante et se découpe en trois mouvements andante, poetico et drammatico. C’est d’ailleurs à la suite de discussions qu’il a eues avec son interprète que Béchara el-Khoury a décidé d’un troisième mouvement, ses dernières oeuvres n’en comptant en général que deux (lent et rapide). Le compositeur a toujours beaucoup apprécié la musique scandinave, notamment celle de Sibelius, et le titre de la pièce, Nordic Dreams, fait référence à ses propres rêves d’Orient et à leur transposition dans l’univers nordique. Car l’Orient est très présent dans cette oeuvre, notamment dans le troisième mouvement et le
final, qui est « purement oriental », comme le dit le compositeur. « C’est arrivé comme ça », poursuit-il lors d’un entretien pour les éditions Durand avec qui il fête ses 38 ans de collaboration et d’amitié.
Le jeu d’Ulla Miilmann est d’une sensibilité extraordinaire, sans jamais être mièvre. Sa flûte bondit joyeusement ou pleure
tristement, parle et exprime si bien l’esprit de l’oeuvre. Car Béchara el-Khoury raconte ses sensations à travers sa musique, ce qu’il ressent face à un événement ou une image. Et c’est à l’interprète de savoir restituer ce sentiment sans le trahir, ce que fait Ulla Miilman avec virtuosité et brio. L’orchestre, mené par un chef de très grande envergure, fait ressortir les couleurs de l’exceptionnelle orchestration de Béchara el-Khoury et, naturellement, le dialogue avec la soliste s’installe et coule de source. Khoury n’en est pas à son coup d’essai pour ce qui concerne l’écriture pour la flûte. Il y a sept ans, il avait composé son Concerto pour flûte et orchestre n° 1, Faraway Colors, dédié au grand flûtiste Emmanuel Pahud, créé par lui lors d’un concert à Strasbourg et rejoué par la suite lors d’une tournée en Chine.
N’est-il pas extraordinaire que, du fin fond de la misère générale dans laquelle nous nous trouvons, un compatriote réussisse, par le raffinement et la profondeur de son art, à donner, aux quatre coins du monde, une image de civilisation suprême du Liban ?