Dans l’Agenda culturel une interview de Wassim Soubra 2013-06-27 de Zeina Saleh Kayali
Wassim Soubra et ‘Les jardins d’Adonis’
Pianiste et compositeur libanais établi à Paris, Wassim Soubra y donne le samedi 29 juin un concert très important : il s’agit des premiers extraits de son opéra de chambre, ‘Les jardins d’Adonis’, opéra en cours d’écriture. Pour l’occasion, il s’est entouré d’une équipe artistique franco-libanaise de premier plan, dont la soprano Samar Salamé.
Quelle est la genèse de l’opéra ‘Les jardins d’Adonis’, dont la création des premiers extraits est pour très bientôt et qui est toujours en cours d’écriture ?
Depuis mon enfance, j’étais fasciné par les mythes et j’ai d’ailleurs déjà travaillé sur le mythe de Rhéa, qu’on appelle aussi la mère des dieux. Mais c’est certainement le mythe d’Adonis qui m’attire le plus : il est fondateur et parle de notre pays et de sa nature (le fleuve, l’arbre, la mer). Il représente la renaissance. C’est mon père qui m’a révélé ce mythe quand encore enfant, au cours d’une promenade au bord de la mer, je constate qu’il y avait des traces rouges sur l’eau. J’interroge alors mon père et il me dit que c’est le sang du dieu Adonis qui chaque année colore le fleuve de Nahr Ibrahim et descend jusqu’à la mer. Adonis c’est la rédemption du monde par l’amour et la beauté toujours renouvelés.
Comment se présente cet opéra et quelles sont les spécificités de l’équipe artistique qui vous entoure ?
Cet opéra, en forme de poème épique, est une alternance de pièces chantées et récitées sur des textes de l’excellent écrivain Bertrand Leclair et de notre grande poétesse Nadia Tuéni. La soprano Samar Salamé, par la grâce de sa sensibilité et de l’émotion contenue dans sa voix, est tout de suite entrée, dans l’esprit de l’oeuvre. La comédienne Blandine Desmettre, récitante hors pair, magnifie les textes si porteurs de Bertrand Leclair et les poèmes bouleversants de Nadia Tuéni. Je suis moi-même au piano, entouré de musiciens exceptionnels : Emma Miton au violoncelle, Clément Duthoit au saxophone et Pierre Rigopoulos aux percussions, tous de formation classique, et qui par leur savoir-faire donnent à la musique la couleur orientale qui en fait sa spécificité. La langue française constitue finalement le ciment de l’œuvre, et cette équipe franco-libanaise symbolise bien le dialogue des cultures qui caractérise ma musique.
Revenons un peu en arrière et racontez-nous vos débuts musicaux au Liban et votre départ au moment de la guerre.
J’ai rencontré la musique en écoutant ma mère jouer au piano. Nous avions à l’époque un piano Pleyel, l’un des tous premiers au Liban. A l’âge de 6 ans, je commence l’apprentissage de cet instrument et, à l’âge de 18 ans, je quitte le Liban pour la France et les Etats-Unis. J’ai suivi l’enseignement du Boston Conservatory of Music mais c’est à l’Ecole normale de musique de Paris que s’est effectuée pour moi la vraie rencontre avec le piano, grâce à mon professeur, Mme Antoinette Vassal. Je suis venu à la composition par la danse. Les rencontres avec les chorégraphes Larry Leong et Carolyn Carlson ont été essentielles pour mon parcours de compositeur car en accompagnant les danseurs, je tentais d’intégrer le travail du corps dans le jeu pianistique.
Quels sont vos projets ?
Tout d’abord terminer l’écriture de l’opéra ’Les jardins d’Adonis’ et essayer de le donner dans son intégralité. Peut-être un jour au Liban ? Je travaille en parallèle sur un quatrième CD de piano solo et en quintette.
Pour en savoir plus : www.myspace.com/wassimsoubra
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