Yara Lapidus a grandi au Liban, bercée par la guerre et par l’art, avant de s’exiler à Paris où elle devient styliste puis chanteuse. C’est seulement aujourd’hui, après avoir bâti sa carrière en France, dans un pays qui l’a adoptée, que Yara Lapidus se produira pour la première fois dans son pays natal, pour un concert le 20 septembre sur la scène du théâtre Al Madina. Un retour attendu, chargé d’émotion.
J’ai grandi dans une famille d’artistes et de mélomanes. Mon oncle était chansonnier “Dudul”, fondateur du Théâtre de Dix-Heures. Mon frère est un féru de musique classique et aurait pu en faire son métier
Ma mère m’a appris à ne jamais m’ennuyer seule. J’ai développé un imaginaire très puissant qui me sert encore aujourd’hui
« J’ai toujours vu le Liban comme un homme que j’aurais aimé éperdument mais qui m’aurait trahi, maintes et maintes fois, et que j’aurais toujours pardonné. À 18 ans, enfin, je parviens à m’enfuir
Le Liban m’a donné mes racines, la France m’a donné mes ailes
J’étais effondrée. Impossible de dessiner mes modèles. Ma carrière de vingt ans s’écroulait. Et puis, sur les conseils et les encouragements de mon mari, j’ai finalement saisi cette perte comme une opportunité et je me suis lancée pleinement dans la musique « Papa, moi aussi je pourrais faire celaN’y pense même pas, ma fille
Lorsque je suis arrivée à Paris, j’ai eu un rejet, du Liban, qui était pour moi synonyme de peur, de fantômes. Il a fallu que je connaisse vraiment l’exil et que j’aie une nostalgie de ce pays et des années vécues là-bas pour que je chante mon amour pour lui, en arabe ».
Orientée
Est-ce normal, maman, qu’à mon âge je ne pense qu’à rester vivante le lendemain ?
Je considère le Liban comme mon père, et la France comme ma mèreLa France m’a adoptée, m’a consolée, m’a donné cette douceur Quand nous sommes déracinés, nous finissons toujours par refleurir ailleurs ».
Ce concert est différent de tous les autres, il est beaucoup plus intime. Pour la première fois, je vais chanter le Liban, devant le public libanais, tout en sachant que nul n’est prophète en son pays. J’ai un trac fou mais aussi une joie immense.
soient le début d’une longue histoire.
Crédit photo : Alfredo Piola