Chanteuse lyrique et professeur de chant au Conservatoire de Toulon, c’est avec un égal bonheur que Marie-Louise Duthoit passe de la musique baroque (Lully, Campra, Rameau…) à la création contemporaine (Aboulker, Albinarrate….). Cette artiste éclectique, très curieuse de découvrir le patrimoine musical libanais, revient d’une tournée en Afrique et rêve de pouvoir se produire un jour au Liban.
1- Comment êtes vous arrivée à la musique? Et quand le chant s'est -il imposé à vous?
Je ne suis pas issue d'un milieu de musiciens mais mes parents ont toujours été curieux. Curieux d'arts et de voyages. Expositions, cinémas, théâtre, spectacles .... Je prenais tout se qui se présentait à moi et j'adorais ces sorties que je prenais comme des moments de fêtes.
Enfant, je chantais tout le temps. Mes parents m'ont proposé de faire de la musique, j'avais 8 ans. Flute à bec puis piano. Après un BAC généraliste et des études de piano assez poussées à l'école normale de musique parallèlement à une fac de musicologie, j'ai commencé le chant et ce fut la révélation ! J'ai tout arrêté et depuis n'ai plus cessé de chanter.
2- La musique baroque a-t-elle été votre première passion? Et comment évoluez-vous ?
Le hasard des rencontres lors de mes études de chant m'a fait entrer dans le monde du baroque. Ce fut un hasard. Mais peut être le hasard n'existe t il pas ! Ce répertoire me colle à la peau stylistiquement. J'ai vite rencontré Jean Claude Malgoire puis Hervé Niquet qui fut pour moi une sorte de mentor. J'ai intégré le CNR de Paris en musique ancienne puis le Studio baroque de Versailles. Ont suivi ensuite des engagements avec William Christie, Gérard Lesne, Christophe Rousset, de nombreux ensembles spécialisés dans la musique baroque, des enregistrements ....
Mais il me semblait réducteur de ne faire que de la musique baroque. J'ai toujours été curieuse d'autres répertoires. La scène et plus largement le théâtre a également toujours attiré mon attention. J'ai développé mon expérience dans ce domaine. Théâtres musicales, créations ....
3- Parlez nous de votre concert à Libreville et du duo avec qui vous l'avez donné ?
Katherine Nikitine, pianiste et Stéphane Leclerc, flûtiste, m'ont proposé de s'associer à leur duo Dialogo Angelico pour un concert à l'ambassade et à l'institut Français de Libreville.
Nous avons composé un programme de musique française retraçant 150 ans de musique française. 19ème, 20eme et 21eme siècles.
Le programme était magnifique. Saint Saens, Debussy, Ravel, Roussel, Aboulker etc... Tout ce que j'aime !
Mais au delà du plaisir de la musique, il y eut une véritable rencontre humaine entre Katherine Nikitine, Stéphane Leclerc et moi même. Une communion et une évidence, une entente et un partage de valeurs musicales et humaines.
Tout simplement, nous nous sentons bien ensemble et je crois que de duo nous sommes passés à trio !
4- Quels sont vos projets?
Très prochainement je participe à une création autour de la "Foire St Germain" (1695). C'est une reconstitution du théâtre de foire. Ce théâtre fut l'origine de l'opéra comique resté connu aujourd'hui. Ce spectacle est joué, dansé et chanté. La mise en scène est assurée par Vincent Tavernier et c'est François Lazarévitch qui assure les parties musicales.
Je prépare par ailleurs un concert guitare-voix pour l'automne autour de la musique espagnol et argentine avec le guitariste Claudio Camissasa ainsi qu'un concert autour du compositeur Takemitsu (1930-1996) avec célesta, guitare, piano, harpe et soprano. Puis en février 2015, la reprise de Monsieur de Pourceaugnac, comédie ballet de Molière-Lully à l'opéra de Rennes, festival du Touquet, et un spectacle d'airs coquins et à boire autour des compositrices des grands siècles français au festival Présence Féminine au printemps 2015.
Propos recueillis par Zeina Kayali, Paris