Interview de Abdel Rahman el Bacha dans l'Agenda culturel

2014-12-01

Saviez-vous que Abdel Rahman el-Bacha, enfant, voulait être violoniste ? Mais il ’’n’a pas le souffle de travailler l’instrument qui a même reçu quelques coups !’’ On lui interdit alors de toucher à un instrument de musique et il désobéit. En cachette, il se met à reproduire des mélodies populaires au piano !

Issu d’une famille de grands musiciens, son père Toufic el Bacha est compositeur et sa mère Wadad, l’une des premières chanteuses de musique classique arabe, Abdel Rahman el-Bacha n’est plus à présenter. Cet immense pianiste, qui porte si haut les couleurs du Liban à travers le monde, ouvre le festival Beirut Chants le lundi 1er décembre en la Cathédrale Saint Georges des maronites.

Qu’allez-vous jouer lors de votre concert du 1er décembre en ouverture du festival Beirut Chants ?
Mon programme de récital est construit autour de deux grands compositeurs que j’aime tout particulièrement: Schubert et Chopin. Le 1er cahier des Impromptus de Schubert ressemble à une grande sonate en 4 mouvements de forme soit libre (le 1er) soit très simple (les 3 suivants) et qui donne la part belle aux idées mélodiques sans contingence formelle ni développement intellectuel. Le meilleur de Schubert s’y trouve : mélancolie, douceur, brillance, prière, douleur. Suivront deux chefs-d’œuvre du prince des pianistes : Chopin, avec le célèbre 2e scherzo, en si b mineur, tonalité dramatique par excellence, comme la sonate funèbre, mais qui s’achève dans la tonalité éblouissante de ré b majeur. Puis pour finir l’Andante spianato en sol majeur, d’une ineffable douceur, et la grande Polonaise brillante, œuvre virtuose conçue à l’origine avec un accompagnement orchestral, dont beaucoup d’interprètes s’en passent. En effet, cette œuvre est plus souvent jouée en solo qu’avec orchestre.

Vous revenez très régulièrement donner des concerts au Liban et les mélomanes libanais vous en savent gré. Pensez-vous que notre musique peut constituer une partie de notre identité libanaise ?
"Qui veut comprendre un peuple doit connaître sa musique", disait le grand Platon. La musique libanaise, très diverse dans ses directions stylistiques traduit parfaitement et complètement l’esprit multiple du peuple libanais, sa véritable identité.

Aujourd’hui, nous conservons au Centre du patrimoine musical libanais (CPML) les archives de votre père, le grand Toufic el-Bacha qui a été l’un des pères fondateurs de la musique classique libanaise. Cette démarche autour de notre mémoire musicale vous semble-t-elle importante ?
Le CPML conserve une partie des archives de mon père ainsi que nombre d’archives d’autres compositeurs libanais marquants. Cette démarche est non seulement importante, mais nécessaire, afin de sauvegarder la richesse culturelle, et plus particulièrement musicale, de notre pays. Mon père aurait été ému de voir avec quel intérêt le CPML, comme l’université de Kaslik, porte un tel intérêt pour la protection, diffusion et conservation de ses archives.

Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali
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