Dans l'Agenda culturel "Marc Hajjar : Les processus de création m’intéressent"

2018-02-02

Les mélomanes libanais ont eu l’occasion de voir et d’entendre Marc Hajjar diriger la formation composée de musiciens de l’Orchestre Philharmonique du Liban lors du Festival Sourat l’été dernier. Depuis, ce jeune chef d’orchestre franco-libanais, ‘‘toujours intéressé par les processus de création, quelle qu’en soit l’esthétique’’, enchaine voyages et projets. Il en parle avec l’Agenda Culturel.


L’Ensemble Nouvelles Portées que vous co-dirigez avec Victor Jacob a commandé une œuvre inédite, "Jeux de Doubles", au compositeur Karol Beffa. De quoi s’agit-il exactement ?
C’est une pièce dont l’interprétation requiert un orchestre et deux chefs d’orchestre. Cela veut dire qu’il y aura de la spatialisation, un peu de théâtre, un jeu, peut-être une division de l’orchestre … Le compositeur Karol Beffa a d’ailleurs très vite compris notre demande. Et cette notion n’est pas tout à fait nouvelle, puisque déjà au 20e siècle, le compositeur américain Charles Ives avait écrit une symphonie qui nécessitait l’intervention de trois chefs d’orchestre !

Votre ensemble, outre se produire en concert, propose aussi des activités pédagogiques ?
Oui nous avons des projets phares avec un volet pédagogique, des conférences, des ateliers, expliquer qu’est-ce que l’orchestre et chef etc. Nous interviendrons beaucoup dans les milieux scolaires.

Vous travaillez également avec d’autres orchestres ?
Oui, je suis notamment régulièrement invité à diriger l’orchestre de flûtes français, fondé par Pierre-Yves Artaud, et dont la vocation est surtout de favoriser la création contemporaine. Avec eux, je tourne beaucoup en France, en Europe et même en Chine ! Nous créons des œuvres de différents compositeurs, tels que Sophie Lacaze, Richard Dubugnon etc.

Comment le public accueille-t-il la musique contemporaine ?
Certaines personnes viennent parce qu’elles ont envie de découvrir quelque chose de nouveau, mais l’accueil du public est parfois mitigé et il n’est pas toujours réceptif à ce type de musique. C’est là que l’on constate qu’il y a une démarche d’éducation de l’oreille à effectuer. Evidemment, parler des pièces que l’on va jouer, les présenter peut beaucoup aider. Et souvent c’est ce que nous faisons. Le chef ou, mieux encore, le compositeur, parle de l’œuvre.

Et en Chine comment reçoit-t-on la musique contemporaine occidentale ?
Nous avons effectué une grande tournée en Chine avec l’Orchestre des flûtes français. Dans plusieurs villes, dont Shangaï. Et là nous avons eu des surprises, car finalement la musique contemporaine a attiré du public et a été parfois beaucoup mieux accueillie que nous le pensions. Il est arrivé que des gens sortent de la salle. Mais c’est un risque que l’on connaît et que l’on prend. D’autres personnes au contraire, voulaient découvrir, repousser les limites.

Qu’en est-il des festivals en France ?
J’ai été invité à diriger au festival Musique en Ré, où de grands chefs d’orchestre viennent faire travailler, pendant deux semaines, une académie avec des jeunes musiciens en voie de professionnalisation. Ici plus question de musique contemporaine. On est dans Brahms, Mendelssohn et Bizet ! Plusieurs chefs renommés se succèdent au pupitre et des interprètes connus encadrent les jeunes instrumentistes et se produisent, en parallèle, dans des concerts de musique de chambre.
J’ai également dirigé l’orchestre du festival Classique au Vert, qui se tient tous les ans au Bois de Vincennes à côté de Paris. C’était un programme consacré à Leonard Bernstein.

Vous avez d’autres projets ?
Dès le mois d’avril je dois diriger Un Requiem Allemand de Brahms à Paris et à la basilique Saint Denis, puis mon orchestre Ensemble Nouvelles Portées à Paris.

Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali.

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