Dans l'Agenda culturel "Victor Julien Laferrière au Festival de Sourat"

2017-07-28

Sa simplicité, sa gentillesse, sa disponibilité, tout dénote, chez Victor Julien-Laferrière, la noblesse d’un authentique musicien. Alors qu’il vient de gagner les très prestigieux concours Reine Elisabeth de Belgique et qu’on se l’arrache aux quatre coins du monde, le jeune violoncelliste raconte son parcours à l’Agenda Culturel.


Ce n’est pas votre premier voyage au Liban ?
Non, j’ai déjà été invité à deux reprises au Festival al-Bustan et j’y retourne pour la saison prochaine. Mais je suis très heureux de découvrir le Festival Sourat qui n’est pas un festival comme les autres et dont l’atmosphère et le lieu, m’a-t-on dit, sont merveilleux et très particuliers !

Vous allez devenir un habitué de notre pays !
Pourquoi pas, cela me ferait grand plaisir surtout que maintenant j’y ai des amis ! Malheureusement, jusqu’ici, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de visiter votre beau pays, à part le centre-ville de Beyrouth. J’espère pouvoir y remédier

Qu’allez-vous jouer le 5 août au Festival de Sourat ?
Le ‘Concerto pour violoncelle et orchestre’ de Robert Schumann en la mineur opus 129. L’orchestre est constitué d’une quarantaine de musiciens issus de l’Orchestre philarmonique du Liban et nous sommes tous placés sous la direction du chef franco-libanais Marc Hajjar.

Comment êtes-vous tombé dans la musique ?
Tous les membres de ma famille sont des musiciens professionnels ! Mon père est clarinettiste et ma mère et ma grande sœur sont violonistes, mon frère est corniste.

Vous avez donc tout naturellement choisi le violoncelle ?
C’est un peu ça, oui ! C’est vrai que certains instrumentistes vous racontent parfois des histoires de coup de foudre, que, personnellement je trouve un peu exagérées. On est trop jeune, à l’âge où l’on choisit son instrument pour vraiment ressentir quelque chose de particulier. En ce qui me concerne, comme ma sœur faisait du violon et du piano, j’ai donc choisi le violoncelle qui est quand même l’instrument le plus important après le piano et le violon.

C’est un instrument qui peut jouer des rôles différents ?
Oui, absolument. Et en musique de chambre il joue bien sûr un rôle essentiel. Au XXe siècle, on a assisté à une explosion du répertoire pour soliste et déjà la musique romantique était bien fournie. Aujourd’hui un violoncelliste a beaucoup de rôles différents à jouer et c’est très intéressant

Vous saviez dès le début que vous vouliez faire une carrière de soliste ?
Non, pour moi la chose la plus naturelle était de jouer de la musique avec d’autres gens. Soliste n’était pas ma problématique vraiment. Faire de la musique de chambre, découvrir du répertoire, avoir des relations musicales avec des amis. Mais c’est vrai que, depuis quelques années, j’ai développé une personnalité musicalement plus soliste, si je puis dire. Le but ultime étant quand même qu’il n’y ait pas de différence d’état d’esprit entre les différents rôles. Ces dix dernières années, j’ai fait de tout, solo, duo, trio, quatuor, tout le temps.

Le fait d’avoir gagné le prestigieux concours Reine Elisabeth, et qui plus est, la toute première édition consacrée au violoncelle, risque en effet de faire changer les choses pour vous ?
Oui et non. D’une part, je n’ai pas attendu ce concours pour avoir une vie musicale riche et variée, d’autre part effectivement, le fait de l’avoir gagné pourrait me donner accès à des chefs ou à des orchestres que je n’aurais peut-être pas rencontrés autrement.

Pourrez-vous continuer votre vie de chambriste après ce prix ?
C’est la musique de chambre qui ouvre l’esprit et ce qui a formé ma personnalité musicale. Ce serait dommage que j’aie à m’en priver, mais peut-être qu’à un moment donné j’aurais à faire des choix radicaux. Les emplois du temps et les calendriers peuvent devenir difficile à gérer. Je le regretterais beaucoup.

Quels sont vos prochains concerts ?
Toulon, la Bourgogne, la Bretagne, le festival de Saintes, l’Italie , Toulouse, la Corse, la Belgique, les Etats-Unis, le Brésil, le Liban !

Mais vous n’arrêtez pas !
Oui, c’est la course !

Que faut-il vous souhaiter ?
De pouvoir acquérir de plus en plus de liberté artistique et pouvoir choisir ce que j’ai vraiment envie de faire.

Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali

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