Les mélomanes libanais connaissent le clarinettiste Patrick Messina. Ils ont eu la chance de l’entendre dans ‘Autumn Pictures’, le concerto pour clarinette de Bechara el-Khoury, lors du concert anniversaire des 60 ans du compositeur, il y a quelques semaines à l’église Saint Joseph à Beyrouth.

Le public avait alors été impressionné par la virtuosité, la vélocité et la sensibilité de cet immense instrumentiste, clarinette solo de l’Orchestre national de France, que les chefs d’orchestre s’arrachent et que Yehudi Menuhin avait surnommé ’’la clarinette enchantée’’.

Changement de genre et de décor, voici Patrick Messina qui nous revient avec un disque intitulé ’Schumann Music for Clarinet’ (Apartemusic), dans un répertoire tout à fait différent, quintessence du romantisme allemand. Son interprétation, entre intériorité et flamboiement, mélange de fermeté et de douceur, sans jamais tomber dans la mièvrerie, nous initie à une partie plus confidentielle de l’œuvre de Robert Schumann, compositeur surtout connu pour ses pièces pour piano et ses lieder. Ces œuvres avaient majoritairement été écrites en 1849, année étonnamment prolifique dans la vie du compositeur qui, depuis un certain temps, commençait à s’intéresser aux instruments à vent.

Entre deux cycles de pièces de Robert Schumann, s’intercale le bouquet des ‘Drei Romanzen’ de Clara, son épouse, également compositrice, mais qui ne renouera pas avec l’écriture après le décès de son époux, bien qu’elle lui ait survécu presque quarante ans.

Fabrizio Chiovetta au piano et Pierre Lenert à l’alto entourent Patrick Messina, donnant à cet enregistrement le souffle romantique d’un grand moment chambriste.

Zeina Saleh Kayali