Dans l'OLJ "L’oratorio « Joseph le Juste » illumine la cathédrale Notre-Dame du Liban"

2018-06-01

C’est grâce au soutien de l’Université Notre-Dame de Louaizé qu’a pu se tenir, à Paris, un événement d’envergure regroupant la fine fleur de la musique savante libanaise actuelle.
Le chœur de la NDU, avec une quarantaine de choristes venus du Liban, un orchestre formé sur place par de très bons instrumentistes français et libanais et quatre grands solistes (Marie-José Matar, soprano, Axelle Saint-Cirel, mezzo-soprano, Bechara Moufarrej, ténor, et Fernando Afara, baryton) participaient, sous les voûtes de la cathédrale Notre-Dame du Liban, à la création mondiale de l’oratorio Saint Joseph le Juste, musique d’Iyad Kanaan et livret (en arabe) du père Philippe el-Hage. Tous ces musiciens étaient placés sous la direction précise et sensible du père Khalil Rahmé, dont la baguette généreuse n’est plus à présenter.
L’œuvre, en sept tableaux, a quelque chose de grandiose. Elle est de facture absolument classique, d’ailleurs le compositeur qui déteste l’atonalité revendique l’influence de ses prestigieux aînés et cite Brahms, Bruckner, Beethoven et Mozart (entre autres). Alternance de moments mystérieux et retenus avec, soudain, un déferlement de joie, de colère ou de triomphe. Les cuivrent claquent, les violons pleurent, couleurs chatoyantes et direction flamboyante. Iyad Kanaan est un grand compositeur et sa musique est ici copieusement servie.
Le chœur, très présent dans la partition, tient son rôle admirablement. Voix travaillées et homogènes, diction très lisible (dans une acoustique pas toujours facile), départ et final impeccablement synchronisés, bref, il n’est pas exagéré d’affirmer que cet ensemble vocal fait honneur au Liban et peut rivaliser avec les chœurs mondiaux les plus prestigieux.
Les solistes forment un beau quatuor qui dialogue avec naturel et émotion. Le timbre cristallin et irrésistible de Marie-José Matar prend à la gorge, le beau mezzo sombre d’Axelle Saint-Cirel lui répond. L’expressivité de Bechara Moufarrej, dont le duo avec la soprano est l’un des temps forts de l’oratorio, s’allie parfaitement avec la voix envoûtante de Fernando Afara.
Et au moment de la conclusion de l’œuvre, alors que le chœur et les solistes entament une marche déchirante pour rallier Jérusalem (question si douloureusement actuelle), un orage d’une violence inouïe se déchaîne sur Paris, rehaussant ce moment fatidique d’une splendeur et d’une solennité toutes bibliques.

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